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Mot de passe oublié ?Le corps, obscur objet du désir… Qu’on ne se méprenne pas, l’exposition Faisons corps, conçue pour et par le MAIF Social Club, n’entre pas dans le registre de la séduction, mais dans celui de la réflexion. Surtout quand les œuvres présentées sont les créations d’une femme. Qu’elles soient plasticienne, designeures, paléosculptrice, les artistes femme offrent un point de vue à la fois critique et inventif du corps.
Dès l’entrée du parcours de l’exposition, une écorchée réalisée en tapisserie tuftée, conçue par la designeuse textile Roxane Andrès assistée d'une artisane textile, féminise un thème exclusivement masculin dans l’histoire de l’art. Ici les lignes aux couleurs pop ont été dessinées à l’aide de l’intelligence artificielle et on peut toucher le corps de l’écorchée, le caresser, le manipuler en soulevant plusieurs pièces qui recouvrent différents organes. Des fleurs ont même éclos à plusieurs endroits du corps. Renversant ! Plus loin, une autre œuvre reprend l’esthétique de l’écorché. Façonnée par Daisy Collingridge, elle représente un couple enlacé, dont les corps exhibent leur anatomie dans un dédale de formes exagérées, cousues main dans un assemblage de tissus aux teintes pastel. Alliant grotesque et douceur moelleuse, la sculpture rompt avec la fière allégorie pour se saisir d'une intimité de l’étreinte.
Dans une vitrine, le visage d’une doyenne de l’humanité intrigue le Curieux, une sculpture hyperréaliste d’Élisabeth Daynès. Avec cet homme conçu en silicone et habillé de jeans, le trouble opère et interroge sur l’origine de notre humanité. L’artiste paléo fait ici dialoguer sa pratique virtuose de la reconstruction scientifique avec la représentation du corps contemporain. Un face à face époustouflant !
La dimension critique occupe l’ensemble des œuvres. En « sous-œuvre » par exemple,
La peur de l’autre devant son enveloppe corporelle qu'Andrea Scholze sculpte comme un regard déformé, les contraintes et violences faites au corps de la femme (Myriam Mechita), la référence au Modulor de l’architecte Le Corbusier auquel les modules colorés de Nicolas Guiet illustrent combien il est obsolète et masculiniste.
Dans une vitrine, le visage d’une doyenne de l’humanité intrigue Le Curieux, une sculpture hyperréaliste d’Élisabeth Daynès. Avec cet homme conçu en silicone et habillé de jeans, devenu un visiteur immobile, le trouble opère tout en interrogeant sur l’origine de notre humanité. L’artiste paléo fait ici dialoguer sa pratique virtuose de la reconstruction scientifique avec la représentation du corps contemporain. Un face à face émouvant !
D’un artiste à l’autre, ils sont quatorze, le corps est réinterrogé dans ses modes de représentation, dans ses fonctions, dans sa réparation, dans son rapport à l’autre corps, dans sa capacité ou non à se mouvoir. Les immenses tampons de Barthélémy Toguo sont là pour nous rappeler qu’un cachet administratif peut ouvrir l’horizon d’un migrant ou au contraire interdire tout échappatoire. Les immenses bannières que coud et tisse Ed Hall témoignent quant à elles de la force du collectif pour défendre droits et valeurs. C’est cette même force du collectif qui active, en lumière et en sons, l’œuvre du couple d’artistes Scénocosme.
Ces œuvres, toutes spectaculaires, ravivent à travers autant de représentations du corps les dimensions de l’identité, de l’altérité, de l’intime et du collectif. Elles sont éclairées par des cartels qui juxtaposent la démarche de l’artiste avec la réflexion sociologique et philosophique que l’œuvre inspire.
Faisons corps, jusqu'au 4 janvier 2025 au MAIF Social Club, 37 rue de Turenne, Paris. Entrée gratuite.