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Mot de passe oublié ?Le cirque chorégraphié. C’est ainsi que Florence Caillon définit son travail de création. Si cette mouvance se faufile aujourd’hui dans les méandres de l’art vivant, c’était loin d’être le cas il y a vingt ans. Cirque et danse prenaient alors des chemins bien distincts. Or pour Florence Caillon, qui s’est nourrie des deux disciplines, « les arts du cirque ont besoin d’une dimension chorégraphique, notamment pour écrire la prouesse, enrichir le vocabulaire circassien, sortir le cirque d’une succession de figures juxtaposées ».
Loin du cursus académique, son parcours émerveille par sa richesse. Le soir, danseuse de cabaret (au Paradis latin, à L’Alcazar, puis au Crazy Horse Saloon), le jour elle suit des cours de danse et des cours de théâtres dans trois conservatoires d’arrondissement de Paris. Puis elle quitte la capitale. Ce n’est pas l’endroit où elle veut se poser. Elle rencontre alors les arts de la rue et les arts de la piste, alors encore mélangés. « Cette découverte m’a passionnée. Je retrouvai le rapport au public et une authenticité que je ne trouvai pas dans le milieu dans lequel j’évoluai ». Elle fait ses armes dans la rue, pratiquant l’aérien, et monte en 1999 sa compagnie L’éolienne pour rassembler tout ce qu’elle avait expérimenté, et le développer. C’est aussi à cette période qu’elle se met à composer de la musique. « Sans avoir vraiment appris, sans avoir suivi d’école, de façon très instinctive ». Elle tente un challenge proposé par l’atelier du Père Castor… et, à sa grande surprise, le gagne. « J’ai donc composé la chanson générique du Père Castor, la musique, les paroles, et je l’ai chantée ». Cette entrée fracassante dans l’univers de la musique lui permet de gagner sa vie. Elle est l’auteur des albums du Père Castor et de 14 cassettes-livres pour les enfants. Voulant se rassurer, elle suit une double formation : dans une classe de composition au conservatoire de Pantin, et dans les écoles de musique de Rouen.
De la rue au théâtre. Mais la rue a ses limites, « l’écoute du spectateur-passant est trop aléatoire ». Le cadre du théâtre s’impose… Et s’ouvre à L’éolienne selon toute attente. « C’était magique ! N’ayant pas de formation dédiée, je n’imaginais pas ça possible. » Après des années de scène, de pratique de l’aérien, elle veut s’affirmer en tant qu’autrice. Avec autant l’envie d’écrire des pièces que de la musique. C’est cette double activité que Florence Caillon mène aujourd’hui, le spectacle vivant de sa compagnie L’éolienne, basée à Rouen, et la composition de musique de film, dans son studio. L’éolienne en est à son 15ème spectacle, et compte de grands succès comme Marie-Louise, qui a tourné pendant dix ans, en France et à l’international. Pourtant les réseaux de cirque ont eu beaucoup de mal à accepter la compagnie, l’accueillant pour la première fois en 2016 seulement. En 2021, L’éolienne est au programme de la Biennale Internationale des arts du Cirque contemporain, que Guy Carrara et Raquel de Andrade ont fondé à Marseille. C’est au sein de l’emblématique événement circassien que la pièce, Le bal des cygnes, devait être créée avant de partir en tournée. Las, la pandémie s’en est mêlée et, les 10 et 11 février, c’est devant un parterre de professionnels et de journalistes que les premières représentations ont eu lieu.