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Gaetan Bruel, Président du CNC :  » jouer notre rôle au côté des cinéastes syriens »

par Véronique Giraud
Gaetan Bruel, président du CNC, au festival Cinemed de Montpellier, lors des rencontres avec la jeune génération de cinéastes syriens. RivaudNAJA
Gaetan Bruel, président du CNC, au festival Cinemed de Montpellier, lors des rencontres avec la jeune génération de cinéastes syriens. RivaudNAJA
Cinéma Film Publié le 31/10/2025
Le CNC, partenaire et soutien du festival Cinemed de Montpellier qui organisait cette année deux journées de rencontres publiques avec la nouvelle génération de cinéastes syriens, puis d'ateliers en huis clos en vue de réfléchir aux moyens d'accompagner l'avenir du cinéma syrien. Entretien avec son président Gaetan Bruel.

Quel est le positionnement du CNC vis-à-vis de Cinemed, en particulier cette année où le cinéma syrien est très présent. Que fait le CNC ? Que fait la France ?

Cinemed est l'un des grands festivals français, et c'est le premier festival de Méditerranée. Il existe depuis 47 ans, et c’est une très belle histoire française. Il est né d'un ciné-club qui existe toujours aujourd'hui, le ciné-club Jean Vigo, et il est devenu ce festival incroyable. Ce festival a joué un rôle en particulier tout au long de ces dernières années quand les cinéastes syriens étaient en exil. Ils ont notamment trouvé à Montpellier, à Cinemed, un endroit pour se retrouver, avoir des ressources, une communauté, et donc si la lumière du cinéma syrien ne s'est jamais éteinte, c'est aussi à ce festival qu'on le doit. Cinemed a voulu organiser cette année une rétrospective du cinéma syrien de ces 15 dernières années dans le contexte historique d'une transition dont on espère qu'elle va réussir, mais pour ça il faut l'aider.

Le CNC soutient Cinemed depuis longtemps, est l'un de ses principaux partenaires, donc pour nous cela avait beaucoup de sens, non seulement de soutenir cette rétrospective mais d'organiser à cette occasion une conférence des partenaires internationaux du cinéma syrien pour rencontrer ou retrouver les cinéastes syriens, et les écouter sur leur analyse de la situation, sur les besoins qu'ils ont et voir comment nous pouvons jouer un rôle à leur côté. C'est l'objet de ces deux journées. Après une journée publique, il y aura une journée à huis clos pour revenir sur les sujets, les approfondir parce que ces sujets peuvent être complexes. En tout cas, l'objectif c'est de faire en sorte que le cinéma syrien, qui a traversé ces dernières années dans des conditions très difficiles, souvent dans la clandestinité, dans l'exil, puisse reprendre ses droits en Syrie, et il faut que les partenaires internationaux continuent de jouer leur rôle comme la France l'a toujours joué. La France, à travers l'aide au cinéma monde, a toujours été là pour le meilleur du cinéma du monde, et notamment pour les cinéastes syriens.

 

Parmi les courts métrages, longs métrages, documentaires, il y a quand même des réalisations en Syrie. Comment la France peut-elle jouer un rôle dans ces conditions de production et de réalisation ?

Pour répondre je vais faire un détour par l'Iran. On est fiers du film de Jafar Panahi et quand il y a la France aux Oscars. Sans comparer exactement les situations syrienne et iranienne, on voit bien qu’aujourd'hui faire un film dans le monde où nous sommes, c'est compliqué partout, pour des raisons économiques, de complexité, mais ça l’est particulièrement dans les pays qui sont marqués par des contextes soit de guerre, soit de régime politique comme dans le cas de l'Iran qui ne laisse pas de place à la liberté de création.

La France, qui a inventé le cinéma il y a 130 ans, est aussi ce pays qui depuis des années tend la main aux cinéastes du monde entier parce qu'au fond elle ne croit pas simplement dans le cinéma français, mais croit aussi dans une idée française du cinéma qui est une idée très internationale. Donc de même que Jafar Panahi a trouvé son producteur en France, a trouvé son équipe technique de post-production en France, son financement en France, et c'est ce qui fait que ce film qui est puissamment iranien et aussi profondément français. De la même façon les cinéastes syriens ont des liens étroits avec notre écosystème. Parfois ils ont été dans nos écoles, parfois ils sont en lien avec nos producteurs, avec nos distributeurs. Les distributeurs français, les vendeurs internationaux jouent un grand rôle dans la diffusion. Au fond c'est exactement ce que fait Cinémed. Ce n'est pas simplement un festival de diffusion du cinéma de la Méditerranée, c'est un festival qui accompagne les œuvres tout au long de leur vie, dès leur conception jusqu’à leur rencontre avec les publics partout dans le monde.

 

Donc l'avenir du cinéma syrien passe par une coproduction franco-syrienne ?

Pas seulement. Dans le monde d'aujourd'hui, et pas seulement en Syrie, les coproductions sont un levier clé pour le développement et la floraison du cinéma. La France évidemment est très fière d'être le pays qui a le plus d'accords de coproduction au monde.

 

Il y a un budget dédié ?

Il n’y a pas de budget dédié aux accords de coproduction, c’est plutôt le principe de dire : encourager par exemple un réalisateur étranger à se tourner vers la France tout comme un autre pays. En tout cas les accords de coproduction avancent cette finalité-là.

Pour l'aide de cinéma du monde nous avons un budget dédié d'environ 7 millions d'euros, c'est moins de 1 % de nos ressources. Ça produit des succès prodigieux. Au festival de Cannes, sur les huit films au palmarès, il y avait un film français, La petite dernière, et cinq films non français soutenus par le CNC et donc coproduits avec la France, L’agent secret, Un simple accident, Bi Gan Resurrection, Sirat et Sentimental Value. Mais aujourd'hui notre démarche n'est pas celle de dire la France est le seul pays qui croit dans le cinéma, au contraire, elle est de constater que dans beaucoup de pays de la Méditerranée, on croit au cinéma. Dans un moment où la programmation en salle baisse dans le monde entier, il y a des pays où le cinéma renaît, comme en Syrie, comme en Irak. On a signé hier un accord avec le gouvernement irakien. Donc tout ça nous donne un acte de foi dans l’avenir.

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