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« Il était une fois » le festival d’Avignon

par Véronique Giraud
Devant le Palais des Papes un soir de festival ©RivaudNAJA
Devant le Palais des Papes un soir de festival ©RivaudNAJA
Arts vivants Théâtre Publié le 27/06/2022
Pour cette 76e édition du festival, dernière sous la direction d’Olivier Py, les bruits du monde résonneront dans les salles d’Avignon et alentour. Du 7 au 26 juillet, sous le thème Il était une fois.

Le Festival d’Avignon n’a jamais voulu se vivre à l’abri du monde. La programmation était déjà bien avancée quand le bruit des bottes s’est fait entendre en Ukraine. Pourchassé, condamné, censuré en Russie, Kirill Serebrennikov a longtemps été interdit de sortie du territoire russe, ce qui l’a empêché, en 2019, d’assister, en Avignon, à la pièce qu’il avait écrite et dirigée depuis sa cellule. Le metteur en scène, qui vit aujourd’hui à Berlin, est désormais libre de ses mouvements. Il assurera l’ouverture du festival dans la Cour d’Honneur avec une adaptation d’une nouvelle peu connue d’Anton Tchekhov, Le moine noir.

Ce même 7 juillet, l’Iranien Amir Reza Koohestani créera En transit, d’après Anne Seghers dans le gymnase du lycée Mistral. L’idée de travailler sur l’œuvre de l’exilée allemande lui est venue à son arrivée à l’aéroport de Munich, où les autorités lui ont confisqué son passeport pendant 24 heures. Coïncidence, il lisait alors le roman d’Anne Seghers.

 

Identités féminines. La thématique de l’identité féminine prend de nombreuses formes dans le festival. Prévenant, « vous allez être surpris », Anne Théron s’empare de Clytemnestre et Iphigénie, à partir de l’adaptation de Tiago Rodrigues, directeur du théâtre de Lisbonne et futur directeur d’Avignon. Avec Anaïs Ninn, c’est une autre facette qui est en jeu. Connue pour ses journaux intimes, l’écrivaine franco-américaine a aussi écrit des nouvelles fantastiques. Ce sont elles qui ont inspiré à Agnès Desarthe son texte Anaïs Nin au miroir, qu’Élise Vigier met en scène.

Le Libanais Ali Charour dédie aux victoires intimes des mères dans un pays en guerre, sa pièce Du temps où ma mère racontait. Libanaise elle aussi, Hannane Adj Ali aime courir dans Beyrouth le matin. C’est en Jogging, titre de son spectacle, qu’elle « court après les histoires d’un pays amnésique », fait rire et pleurer invitant, dit-elle, à « partager ce désir urgent de vivre dans un monde meilleur ».

Interrompues dans leur élan créatif par le confinement et leurs maternités respectives, des femmes en rendent compte dans Lady Magma, « rituel féministe plein de groove funk et des percussions de Max Roach », comme le décrit Oona Doherty.

Hommage est rendu à une grande dame, Pina Bausch, dont Dada Masilo reprendra la chorégraphie du Sacre du printemps dans sa pièce Le sacrifice avec neuf danseuses et danseurs, et en mêlant danses traditionnelles d’Afrique du Sud et danse classique.

 

Contes, climat et environnement. Sur le thème Il était une fois de cette 76e édition, Hansel et Gretel des frères Grimm devient, avec Igor Mendjisky, Gretel, Hansel et les autres… et décrit un monde où il n’y a plus ni sucre, ni joie. Le petit chaperon rouge est lui convoqué par le groupe Das Plateau, qui s’attache à inverser la lecture traditionnelle du conte en créant une version positive où une petite fille n’est ni imprudente ni naïve, mais véritable héroïne.

Le directeur du théâtre du Jura, Robert Sandoz s’est lui inspiré d’Andersen pour son Petit soldat de plomb. Enfin, La Tempête de Shakespeare, sera revisitée par le Sarde Alessandro Serra dans une critique du colonialisme.

C’est un tout autre projet qui anime Maelle Poésy et la photographe du paysage Noémie Goudal. Travaillant sur le climat et son réchauffement, elles entremêlent, dans Anima, vidéos, photos, musique électronique et la funambule Chloé Moglia, pour mettre en scène les recherches en paléoclimatologie. Soucieux d’écologie, mais plus centré sur les conditions de retour à la vie à la campagne, Pierre-Yves Chapalain brouille la frontière entre réel et fantastique avec L’orée du bois où, la nuit, se déroulent des fêtes dyonisiaques.

Autre répertoire, One Song, du performeur belge Miet Warlop, cherche à transmettre, par l’action physique et la musique, la joie qu’il y a à être ensemble. La même joie habite les huit danseurs de la compagnie Via Katlelong qui viennent d’Afrique du Sud pour Emaphakathini. À l’inverse, MILK plonge dans l’effondrement du monde, mettant sur scène « un groupe de femmes cherchant partout leur maternité perdue », et la scandinave Sofia Adrian Jupiter s’attaque à Solitaire, l’une des dernières pièces du dramaturge suédois Lars Noren décédé l’an dernier.

 

De la poésie. L’écrivain Pascal Quignard s’est intéressé à Simon Pease Cheney qui, 100 ans avant Oliver Messiaen, a mis en musique les sons provenant du chant des oiseaux, de gouttes d’eau, du vent… Marie Vialle, sensible à l’auteur qu’elle a déjà adapté quatre fois au théâtre, en a fait un spectacle hommage à la splendeur qui nous entoure.

Poésie pure, le projet Shaierat fera découvrir les textes de deux poétesses palestiniennes, Carol Sansour et Asmaa Azizeh. Accompagnées par la chanteuse et musicienne Haya Zaatry, sur des vidéos d’Adam Zuabi.

Poésie encore, mais chorégraphique, la création d’Emmanuel Eggermont, qui travailla quinze ans durant avec Raimung Hoghe disparu l’an dernier. « All Over Nymphéas est une pièce pour cinq interprètes qui ont tous un rapport différent à la danse » commente le chorégraphe. La pièce trouve sa source dans l’obsession de Claude Monet à reproduire inlassablement sur toile l’émotion que lui procura le bassin de son jardin de Giverny.

La musicienne, dramaturge et poétesse britannique Kae Tempest, est une figure du spoken word et une voix non-binaire de grand talent. Elle déclamera la poésie de The Line is a curve dans la cour d’Honneur du Palais des Papes, le 26 juillet et clôturera cette dernière édition sous la direction d’Olivier Py.

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