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Inflation de films français en 2015

par Jacques Mucchielli
Beaucoup de films, mais pas assez d'écrans ?
Beaucoup de films, mais pas assez d'écrans ?
Cinéma Film Publié le 14/04/2016
Comme dans le secteur du livre, la production de films français a battu tous les records en 2015. Une inflation qui n’est peut-être pas gage de création. Et qui rend plus difficile pour une œuvre la rencontre avec son public.

Du jamais vu depuis 1952 ! Il y a 64 ans que le cinéma français n’avait produit autant de films. Un record pour 2015 avec 234 films selon les chiffres publiés le 5 avril dernier par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Cette hausse de 31 films par rapport à l’année précédente s’accompagne presque naturellement d’une hausse  des investissements de 23% à 1,224 milliards d’euros. Ces chiffres englobent les films agréés par le CNC et dits « d’initiative française ».

Ces chiffres recouvrent des budgets très divers, mais toutes les catégories sont en augmentation : 51 films dépasse 7 millions d’euros de budget (contre 36 en 2014), 33 films ont le budget compris entre 4 et 7 millions d’euros (25 en 2014), 86 films entre 1 et 4 millions d’euros (83 en 2014), 64 films à moins de 1 million d’euros (59 en 2014).

Parmi ces 234 films, près d’un tiers (75) sont des premiers films.

Cette bonne santé d’un secteur économique qui a encore beaucoup d’avenir devant lui, ne dit rien de sa diffusion. Car l’augmentation de la production ne va pas avec celle de la diffusion. Les 5 500 écrans dont dispose le territoire national ne permettent pas de diffuser convenablement les presque 700 films sortis l’an dernier, et encore moins de les conserver à l’affiche pendant plusieurs semaines. C’est dire que de nombreux films ne peuvent, en raison même de leur faible diffusion, espérer seulement dépasser le seuil critique, autant pour la rentabilité que pour la notoriété. D’autant que les superproductions se taillent la part du lion, prenant budget, écrans, promotions et publicité.

On peut heureusement compter sur les cinémas d’art et d’essai. Mais de moins en moins, leurs exploitants, eux aussi soumis aux difficiles conditions budgétaires, n’hésitent parfois pas à préférer le juteux Star Wars aux films « ennuyeux » comme le reconnaît un exploitant. Et ce, bien qu’ils soient subventionnés pour le faire. Festivals, associations, centres culturels, universités sont aussi des lieux de diffusion, mais ils sont souvent plus exigeants, ont des critères serrés de sélection.

L’inflation de films n’est donc pas forcément une bonne nouvelle pour la création. L’édition s’est elle-aussi laissé entrainer par le mouvement, sans succès notoire. Un public peut passer à côté d’un livre, d’un film qui l’aurait intéressé si le nombre noie la critique et la promotion.

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