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« Jaguar » de Monteiro Freitas déferle sur l’Europe

par Jacques Moulins
Andreas Merk et Marlene Monteiro Freitas dans
Andreas Merk et Marlene Monteiro Freitas dans "Jaguar". DR
Arts vivants Danse Publié le 07/04/2016
Jaguar, la dernière création pour deux danseurs de la capverdienne Marlene Monteiro Freitas, a commencé sa tournée en Europe à Paris, Toulouse, puis à Montpellier fin mars après sa création en Finlande. Une surprise heureuse et parfois déroutante pour le public français.

L’ouverture sur d’autres cultures, sur d’autres façons culturelles, est toujours une confrontation curieuse, souvent une confrontation nécessaire, parfois une confrontation enthousiaste. Marlene Monteiro Freitas est née au Cap-Vert il y a 36 ans. Elle vit et travaille à Lisbonne, l’ancienne puissance coloniale, au milieu d’un collectif davantage lié par l'à-propos de la mutualisation que par un principe esthétique commun. Et elle crée des chorégraphies qui ont peu à voir avec la danse contemporaine occidentale telle qu’elle se décline dans les festivals, les théâtres nationaux et les opéras. Peu à voir avec ce qu’attend le spectateur français marqué malgré lui par les académismes.

Avec Jaguar, aucun risque. Les codes perdent leur étanchéité et prennent du coup un nouvel élan. La bossa-nova a autorité sur scène au même titre que la gestuelle inspirée des master-class des chorégraphes les plus créatifs des années 90. La danse de salon, selon la vieille expression française, peut entraîner la construction chorégraphique, au même titre qu’un costume de tenniswoman, qu'une sculpture géante inspirée du Blau Reiter de Franz Marc, ou un ballet de serviettes éponge. Les rites du mime et les saccades à la Charlot, les bouffonneries baroques et les courses à travers scène sont également convoqués comme des dizaines d’autres inspirations. Là n’est pas la question.

En trois parties, bien distinguées par les sonorités musicales, latino-africaine, classique, lyrique, le corps des deux artistes évolue d’abord en complicité avant que l’autre ne s’efface comme une harmonique à l’un. Et vice-versa. Corps libre, corps énergique, corps quotidien de femme et d’homme, s’activent en une chorégraphie qui montre et laisse sa place à l’imagination créatrice du spectateur. Libre à lui d’apposer un sens, d’ignorer la suggestion, de magnifier le dynamisme. L’ensemble des propositions ne se rejoint pas, mais il demeure une œuvre inattendue qui peine et met en joie, et demeure dans l’imaginaire quand les feux de la rampe se sont éteints.

 

Jaguar, chorégraphie de Marlene Monteiro Freitas en collaboration avec Andreas Merk, avec Marlene Monteiro Freitas et Andreas Merk, a été créée à Helsinski le 6 octobre 2015 dans une coproduction de plusieurs théâtres d’Allemagne, de Finlande, de France, du Portugal, de Suède et de Suisse.

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