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Mot de passe oublié ?Quelque part dans Paris un poète souffre. On l’a amputé d’une partie de son bras droit après qu’il a été blessé sur le front de Champagne. Allongé sur un brancard, il attend, nu, dans la cour d’un hôpital. De ses mots, ciselés dans la chair et dans le réel, Blaise Cendrars s’empare d’un moment de sa vie où se mêle au drame chaque petit geste de vie. Ses mots, Jean-Yves Ruf les souffle dans la pénombre des Plateaux Sauvages. Dits sans emphase, ils semblent coller à chacun des pas du comédien, à chacun de ses gestes, à la lumière de son visage, dans un décor pauvre aux allures de rebut. Avec pudeur, humilité, ils disent la souffrance et l’incongruité de circonstances où tout est dû au hasard, à la bonne volonté. La lutte pour faire taire le désespoir, l’empathie l’adoucit, et fait parfois entrer le risible.
Ce magnifique morceau de la littérature, mis en scène avec Jean-Christophe Cochard, fait son œuvre en chaque spectateur. Conçu comme une aventure humaine, ce texte ramène chacun sur les chemins de la souffrance, depuis la perception de la douleur la plus vive qui laisse démuni et force à hurler à une perception atténuée par l’encouragement à détourner l’autre de l’insoutenable. Une aventure littéraire que Cendrars fait cheminer depuis son propre corps jusqu’à gravir la souffrance de l’autre et oublier la sienne. Une expérience pleine d’enseignement qu’il fait bon entendre aujourd’hui. On comprend que ce court texte autobiographique ait suscité l’intérêt de Jean-Yves Ruf et lui ait donné l’envie de le porter sur les scènes des théâtres.
J’ai saigné, Texte Blaise Cendrars. Avec Jean-Yves Ruf. Mise en scène : Jean-Christophe Cochard et Jean-Yves Ruf. Création le 29 novembre aux Plateaux Sauvages, Paris. Jusqu'au 11 décembre. Du 29 novembre au 11 décembre. Du lundi au vendredi à 19h et le samedi à 16h.