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Kaunas Capitale européenne de la culture : la mémoire, toute la mémoire

par Véronique Giraud
William Kentridge, artiste invité de Kaunas en Lituanie, pays de ses ancêtres, avec une exposition qui interroge la mémoire oubliée « Ce dont on ne se souvient pas ». DR
William Kentridge, artiste invité de Kaunas en Lituanie, pays de ses ancêtres, avec une exposition qui interroge la mémoire oubliée « Ce dont on ne se souvient pas ». DR
Hors-Champs Croisement Publié le 30/09/2022
Kaunas est assurément une ville peu connue dans le monde. Son passé est cependant riche de réalisations architecturales d’un grand modernisme et la Capitale européenne de la culture 2022 a un ambassadeur de renom, l’artiste William Kentrige.

À Kaunas, l’une des trois capitales européennes de la culture en 2022, les festivités ont débuté le 22 janvier. Ceux qui ont pu se rendre dans la deuxième ville de Lituanie ont découvert qu’elle fut la capitale du pays entre 1920 et 1939 alors qu’une partie du territoire, dont Vilnius, faisait encore partie de la Pologne. C’est de cette époque que datent une série d’immeubles témoignant d’un fort courant moderniste faisant d’elle une ville unique pour son architecture moderne de l’entre-deux-guerres et une porte d’entrée des idées européennes. C’est à partir de ce passé et son patrimoine que la ville rebondit aujourd’hui en capitale culturelle et se projette dans l’avenir. Comme le résume l’intitulé de son programme : « Le modernisme pour le futur ».

 

Arrière-petit-fils d'un émigré juif de Lituanie qui a fui les pogroms du XXe siècle, William Kentridge est né en Afrique du Sud et a toujours exprimé son horreur de l’apartheid. Son art, exposé dans le monde entier, est marqué par la dénonciation de l’injustice et des inégalités de la société dans laquelle il a grandi. Dans la ville de ses ancêtres, dont il est l’un des artistes invités pour l’année capitale européenne de la culture, il présente une grande exposition sous le titre « Ce dont on ne se souvient pas » (That Which We Do Not Remember). Ses dessins, ses installations, ses propres incursions sur écran posent ici la question de la mémoire sélective de l'humanité. « Le rejet des faits, de l'histoire et des souvenirs comme moyen d'auto-préservation ou comme outil de propagande est une caractéristique tout aussi commune chez les habitants de Johannesburg et de Rome que chez ceux de Kaunas, explique Kentridge. Nous choisissons tous ce dont nous voulons nous souvenir et ce que nous voulons expulser de nos mémoires. » Raviver notre mémoire cachée c’est aussi le vœu que fait Kaunas de se souvenir des moments heureux de sa modernité pour mieux se projeter.

 

Contact: vilte@kaunas2022.eu
Site web de référence: modernizmasateiciai.lt/en/, kaunas2022.eu/en/modernism-for-the-future/

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