Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?Après un XXe siècle où la fabrication du béton a conquis le monde et contribué à standardiser les modes de construction, quelques architectes se distinguent en prônant la terre, la pierre, le bois, les fibres, en provenance d’un environnement immédiat, comme matériaux à privilégier et à réinventer dans les bâtiments contemporains.
L'architecte japonais Kengo Kuma en fait la preuve dans chacun de ses projets, où est réintroduit le bois et toutes ses essences, dans son pays natal et ailleurs dans le monde. Les Franciliens pourront d’ailleurs bientôt en apprécier l’application puisque Kengo Kuma a été choisi pour réaliser l’un des projets phare du Grand Paris Express, la future gare Saint-Denis Pleyel. L’architecte de 62 ans, également créateur du complexe "Hikari" (lumière en japonais) de bâtiments économes en énergie à Lyon et concepteur de la Cité des arts de Besançon, veut "réintroduire des matériaux naturels et de faire fusionner l'architecture avec la nature, d'aller à l'encontre de l'architecte où l'on pose des boîtes", expliquait-il à l'AFP en juillet dernier. "J'ai toujours voulu faire de l'architecture qui respecte la tradition de la culture japonaise et adapter ses principes aux caractéristiques du XXIe siècle: la vitesse, la circulation et le besoin d'espace", précisait-il.
Sa consœur marocaine, Salima Naji, se bat elle aussi pour faire accepter la réappropriation de techniques ancestrales de son pays. Cette architecte, diplômée en anthropologie, a travaillé à partir de 2002 à la restauration de demeures anciennes, en péril. Elle y acquiert les techniques ancestrales. Dans ses réalisations, inutile de chercher les climatiseurs, le béton armé, le pin. La ventilation naturelle, les briques de terre crue, la pierre locale, le bois de palmier sont privilégiés parce qu’économes et s’adaptant parfaitement au climat aride et aux températures extrêmes du sud marocain, dans les provinces de Tiznit et de Tata. C’est d’ailleurs là qu’elle a choisi de s’installer en 2008. « On ne doit pas négliger notre héritage », affirme Salima Naji, qui œuvre à l’adapter à aujourd’hui et cherche les manières de le tourner vers l’avenir, comme elle l’exprimait à l’occasion de la cop22, qui eut lieu en 2016 à Marrakech.
Salima Naji est architecte DPLG (diplômée de l’École d’architecture de Paris-La-Villette), et docteur en Anthropologie (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris). Elle exerce au Maroc. Elle exerce au Maroc en privilégiant les matériaux locaux dans le respect de l’environnement et de la culture des lieux. Après avoir arpenté les vallées pré-sahariennes pendant près de dix ans, pour rendre compte des traditions artistiques des Kasbas du Sud marocain, elle a consacré plusieurs années de recherches aux greniers-citadelles du Maroc. Parallèlement à ses recherches, elle s’investit depuis plusieurs années dans des actions concrètes de sauvetage ou de développement culturel.
Kengo Kuma suit des études d'architecte et d'ingénieur à l'université de Tokyo. Il obtient son diplôme en 1979. Pour se perfectionner, il effectue un séjour d'un an comme chercheur à l'université de Columbia (1985-86). En 1987, il ouvre un cabinet de design et, en 1990, il fonde son cabinet d'architecture, Kengo Kuma & Associates. Son œuvre se présente avant tout comme une critique des académismes, des formalismes et de toute complaisance au style et à la mode. Il réalise une synthèse orient et occident, invention et tradition, son architecture ne souhaite pas produire d'objet mais donner un sens à la construction et la fondre le plus possible dans son environnement.