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Théâtre Dromesko fait valser le temps sous La Baraque

par Véronique Giraud
"Le dur désir de durer" fait souffler la tempête sous La Baraque du Théâtre Dromesko. ©Fanny Gonin
Le dur désir de durer, création de Théâtre Dromesko © Fanny Gonin
Le dur désir de durer, création de Théâtre Dromesko © Fanny Gonin
Arts vivants Cabaret Publié le 10/06/2022
Empruntant le titre d’un recueil de poèmes de Paul Éluard, "Le dur désir de durer", Théâtre Dromesko traduit à sa manière notre destin, notre vieillissement, notre fin, et les enjeux humains de la création d’un spectaculaire itinérant.

Dans la Baraque du Théâtre Dromesko, les gradins se font face, les rideaux de scène aussi. Quand le noir se fait, le char d’une vierge parée de velours cramoisi apparaît, entourée de cierges. Marie ? Sara ? Naine, elle est portée par mille et une jambes qui avancent d’abord au pas cadencé, puis dans un désordre bancal, en une curieuse procession. Puis, les va et vient vont déferler sur le plancher. Apparitions, disparitions, scènes inversées, renversées, la scène se fait coulisse quand la lumière transparait à travers le rideau, le lit d’hôpital avance puis recule… Sortant d’un côté puis d’un autre, parfois de deux côtés, les personnages occupent l’esprit de leurs corps et de leurs pensées exprimées à haute voix. Scènes de vie, scènes de mort, leur étrangeté fait l’effet de rêves habités. Les corps s’enchaînent, se lient avec souplesse, se lovent les uns les autres en une chaîne humaine dense, marquée par un début et une fin, mais sous-tendant le recommencement. Les périodes et les âges ne s’affrontent pas, ils cohabitent en une profusion tourbillonnante de scènes où le quotidien et le spectaculaire s’entremêlent, où la vitesse et la légèreté affrontent le poids de la vie, où la tendresse comble l’idée de finitude.

L’humour n’est jamais loin, la dérision l’emporte sur la tragédie. Des figures archétypales s’y prêtent, celle de la sainte entourée de cierges circulant sur un char au milieu de la ferveur tsigane, celle du toréro dont l’habit de lumière a pour compagne la grande faux de la mort, maintiennent la puissance symbolique du folklore. Soulignées par la merveilleuse musique du violoncelle de Revaz Matchabeli et l’accordéon d’Igor, les scènes foraines sont ressuscitées. Personnages, accoutrements ramènent à des temps qu’on croyait révolus. Mais non, Le dur désir de durer fait résistance.

 

Ces scènes d'un cabaret de l'intime, d'une vie de troupe itinérante, de représentations sous chapiteau et aujourd'hui dans La Baraque, suscitent l'affection, l'empathie même. Elles ne se situent pas dans l'illusion d'un jeu parfait, mais dans l'aléatoire du vivant. En cela, la présence du marabout et du petit chien noir sont indispensables. Nous n'en dirons pas plus sur cette dernière création de Théâtre Dromesko, l'illusion qu'elle produit mérite d'être partagée et invite au partage.

 

Le dur désir de durer (après-demain, demain sera hier), Du 1er au 11 juin à 20h30 dans le Parc Georges Brassens, Théâtre Monfort, Paris.

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