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Heta Huma, le Japon Dernier Cri

par Véronique Giraud
De nombreux fanzines revendiquent l'esthétique Heta Huma, un art graphique alternatif japonais édité depuis longtemps dans l'atelier de sérigraphie Dernier Cri à Marseille © Rivaud/NAJA
De nombreux fanzines revendiquent l'esthétique Heta Huma, un art graphique alternatif japonais édité depuis longtemps dans l'atelier de sérigraphie Dernier Cri à Marseille © Rivaud/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 13/11/2014
Deux expositions fourmillent de créations d'artistes se réclamant de Heta-Uma, une culture alternative née au Japon, que l'artiste Pakito Bolino a réussi à faire venir à Marseille et à Sète. Une première en Europe !

La culture japonaise a envahi les rayons des librairies, le cinéma et la télévision. Cette nouvelle vague esthétique, née dans les années 70, fut conçue comme un divertissement commercial, jusque-là exclusive de l’Empire Disney. A l’ombre de cette pop culture fédératrice, des artistes ont imaginé une culture alternative : le Heta-Uma, littéralement l’art du « mal fait bien fait », défini par le style « sale mais beau ». Ses illustrations faussement naïves et mal dessinées se sont multipliées sous la plume de nombreux créateurs japonais depuis quarante ans. C’est pourtant la première fois que les trois générations de cette avant-garde sont réunis dans une exposition.

A l’origine de ce projet inédit, un artiste passionné, Paquito Bolino qui édite depuis vingt ans ces créateurs dans son atelier de sérigraphie du collectif Dernier Cri, installé dans la Friche de la Belle de Mai à Marseille. « J’ai toujours rêvé de ramener ce graphisme japonais en Europe. Il y a quatre ans j’ai organisé une exposition à l’Institut français à Tokyo où j’ai pu rencontrer ces artistes que j’ai édités sans les avoir croisés. Grâce au Miam et à La Friche, la plupart sont venus en France ».

 

De Mangaro à Heta-Uma. L’exposition est organisée en deux volets simultanés, à Marseille et à Sète. A Marseille, un étage de la Friche Belle de Mai est consacré à Mangaro. On y trouve retracé l’historique de la revue underground Garo à travers ses UNE. Créé dans les années 60, le fameux magazine contestataire a édité dans les années 70 et 80 des auteurs dont personne ne voulait parce qu’ils revendiquaient l’esthétique Heta-Uma, un graphisme sale, jeté, inventé par King Terry Yumura en opposition à la perfection et l’esthétique glacée traditionnelle japonaise. Après Garo, des maisons d’éditions japonaises mais aussi françaises, se sont créées. Huit d’entre elles sont présentes dans la cité phocéenne.

A Sète, l’exposition Heta-Uma a pour cadre le MIAM (Musée International d’Arts Modestes). Elle plonge le visiteur dans une rue sublimée de Tokyo, bornée d’estampes sans concession ni censure. On y trouve évoquée la librairie Taco Ché de Ayumi Nakayama, co-commissaire de l’exposition, qui défend depuis toujours cette création. Des travaux de ces 92 artistes de cette culture alternative émane une énergie peu commune, dérangeante parfois, décalée souvent, avec un lien très fort à la musique. Venant du Japon ou d’Europe, ils ont en commun de s’approprier l’influence de ce graphisme et d’être publiés par le Dernier Cri. Livres, sérigraphies, objets, jouets, monstres, constructions, vidéos… cohabitent dans un joyeux tintamarre, visuel et sonore.

L’affiche de l’exposition de Sète a été réalisée par l’inventeur de cette contre-culture, King Terry Yumura, dont on peut voir actuellement certains travaux au Grand Palais, en lecture de la grande rétrospective Hokusaï.

 

Mangaro/Heta-Huma. Jusqu’au 1er mars 2015

 

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