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Mot de passe oublié ?Quelle audace d’affronter avec l’art du cirque une œuvre inscrite depuis des décennies au répertoire du ballet classique ! La partition de Tchaïkovski et le ballet chorégraphié pour les grands opéras du monde sont pour Florence Caillon l’argument servant à montrer le chemin que peut prendre le cirque chorégraphié. Dans sa création éponyme, si les thèmes musicaux sont reconnaissables, il se perdent souvent dans une partition nouvelle, donnant une musique à la fois connue et étrangère. La gestuelle des danseurs et circassiens, qui tient à la fois de l’acrobatie que de la danse classique, compose un langage inédit, assumant l’hybride. Il a fallu pour cela mettre sur scène des interprètes sachant non pas dissoudre mais lier au plus près la posture du danseur classique et avec celle du circassien.
Sur scène, cinq jeunes cygnes se découvrent. « Ils ne savent pas bien comment ça marche, comment s’y prendre » sourit Florence Caillon. Leurs gestes gauches expriment la découverte de l’autre et des corps, les pieds sont cassés, les petits derrières se dressent, les regards sont appuyés d'étonnement. Au fil de la pièce, chacun prend de l’assurance, et la grâce s’installe dans des duos prodigieux. Les cinq ne font pas un seul corps comme dans le ballet, de chacun émane une personnalité, un décalage, un rapprochement, un éloignement.
Au-delà de la prouesse circassienne, la recherche d’un absolu dans une virtuosité inventée, souvent répétée comme une marque de fabrique. Les gestes ont une grande puissance évocatrice, même si elle ne colle pas aux adaptations les plus courantes de l’œuvre. Elle déplace le cirque autant que la danse vers un ailleurs.