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Le Nobel de la paix honore le combat d’une presse libre

par Élisabeth Pan
le Prix Nobel de la paix a récompensé des journalistes. Le Prix Nobel de la Paix 2021 a été attribué à deux journalistes, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Mouratov. © Johannes Granseth
le Prix Nobel de la paix a récompensé des journalistes. Le Prix Nobel de la Paix 2021 a été attribué à deux journalistes, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Mouratov. © Johannes Granseth
Hors-Champs Société Publié le 20/10/2021
En distinguant des journalistes, le Prix Nobel de la paix a souligné combien la liberté de la presse était menacée dans le monde.

C’est la surprise de l’automne, le Prix Nobel de la paix a récompensé des journalistes. Deux en l’occurrence, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Mouratov. Une distinction tout aussi réjouissante qu’inquiétante. Réjouissante car, comme le note le communiqué du comité norvégien, il salue un « combat courageux pour la liberté d’expression ». Inquiétante car il dit combien notre monde connaît la répression des médias, l’usage de la censure, et une désinformation accrue par les moyens technologiques.

Aux Philippines, l’autocrate Rodrigo Duterte n’a pas hésité à recommander à ses concitoyennes et concitoyens, message entendu par les milices, d’abattre sans sommation les dealers de drogue. Il a continué en s’en prenant aux femmes, aux démocrates et au système éducatif. Dans cet environnement sombre où relater les faits a coûté la vie à nombre de journalistes, Maria Ressa a cofondé la plateforme d’investigation Rappler.

 

Aux journalistes victimes. Cofondateur du journal Novaïa Gazeta, Dimitri Mouratov déploie une même obstination et un semblable courage pour publier régulièrement un des derniers organes indépendants au pays de Vladimir Poutine. Le comité Nobel a rappelé le travail du journal contre « la corruption, les violences policières, les arrestations illégales, la fraude électorale et les “fermes de trolls” ». Le rédacteur en chef a aussitôt dédié son prix à ses collègues, notamment les six de Novaïa Gazeta, victimes de tueurs. Parmi elles, Anna Politkovskaïa, journaliste assassinée il y a quinze ans. Dimitri Mouratov a également dédié son prix à l’opposant Alexeï Navalny, toujours en prison après la tentative d’empoisonnement dont il a été victime. Parmi les copropriétaires du journal, se trouve un autre Prix Nobel de la paix, Mikhaïl Gorbatchev, qui s’est réjoui du choix d’Oslo : « C’est une très bonne nouvelle, pas seulement une nouvelle mais un événement ».

Selon le tableau établi par l'ONG Reporters sans frontières, trois quarts des pays du monde connaissent de graves atteintes à la liberté de la presse. La technologie a accru la désinformation de masse, comme a tenu à le souligner Maria Ressa qui insiste sur les dangers que constituent les réseaux sociaux.

« La liberté d’expression et la liberté d’information aident à maintenir un public informé. Ces droits sont des préconditions essentielles pour la démocratie et pour se prémunir contre la guerre et les conflits » a déclaré Mme Reiss-Andersen, présidente du comité Nobel. « Le journalisme libre, indépendant et factuel sert à protéger contre les abus de pouvoir, les mensonges et la propagande de guerre ».

Maria Ressa a rappelé à juste titre qu’elle n’était pas la première journaliste à obtenir le Prix Nobel de la paix. En 1936, Carl von Ossietzky révélait au monde le réarmement clandestin de l’Allemagne nazie. Il est mort en déportation.

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