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Mot de passe oublié ?L'œuvre d'Hervé Di Rosa alimente les galeries du monde. Les musées français, quant à eux, l'ont longtemps ignorée. Il faut dire que l'artiste, né à Sète en 1959, n'a pas voulu prendre le chemin de l'art conceptuel, minimaliste, qui avait les faveurs des historiens de l'art et des collectionneurs français dans les années 80 de ses débuts. Lui et ses comparses Robert Combas et François Boisrond avaient pris à rebours ces courants pour jeter sur leurs toiles les éléments de la culture dont ils étaient entourés, de la musique punk à la bande dessinée. Le dessin, les aplats de couleurs vives, les personnages grotesques, le cerne noir, étaient la marque de fabrique d'un jeune homme qui regardait plutôt du côté de l'Amérique, avec ses Wahrol, Basquiat et autres trublions de la société dominante.
L'exposition organisée au Centre Pompidou est donc une réelle surprise et peut-être une vraie découverte du grand public. Modeste par sa surface, elle occupe un coin du 4ème étage du musée. Elle fourmille pourtant des créations tous azimuts d'un homme dont la curiosité et la passion de faire ne tarit pas. Intitulée Passe-mondes, elle est centrée sur les œuvres réalisées dans les ateliers du monde pour son projet Autour du monde qui a débuté en 1993-94 en Bulgarie et au Ghana. Depuis, l'artiste a fait étape au Bénin, en Éthiopie, à La Réunion, à Cuba, Mexico, Vietnam, Séville, Lisbonne. Dans chacune de ces villes, il a appris auprès d'artisans des techniques ancestrales, s'exerçant à les maîtriser avant de les confronter à son propre univers.
Il en résulte des œuvres hybrides : une assiette réalisée en câbles téléphoniques tressés, un panneau de laque incrusté de nacre, un tableau Guns fait de perles colorées… Systématisant un lien de la main, du cœur et de l'esprit . Aller vers l'autre, l'artisan enfermé dans l'anonymat de son atelier ou de sa maison, l'étranger, le prisonnier. En cofondant en 2000 le musée international des arts modestes (MIAM) à Sète, Hervé Di Rosa n'a cessé de mettre la lumière sur des auteurs éloignés de la sphère de l'art. Il leur a donné, le temps d'une exposition, le statut d'artistes. Et aux objets populaires la valeur d'œuvres d'art. Déportant le regard du public d'un art inaccessible.
Ce processus sous-tend bien sûr Le Passe-mondes. Pour mieux le saisir, Di Rosa a choisi d'exposer parmi ses assemblages singuliers les objets et les œuvres qui l'inspirent, depuis les figurines de plastique des Marvel et d'autres héros. Oui, Hervé Di Rosa a l'âme, l'énergie et la générosité du passeur.