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ACCUEIL > Portrait > Coups de cœur à Fotofever

Coups de cœur à Fotofever

par Véronique Giraud
Muriel Bordier, sans titre, 2014. DR
Muriel Bordier, sans titre, 2014. DR
Julien Mauve, After lights out, série Les mondes silencieux 2013-2016. DR
Julien Mauve, After lights out, série Les mondes silencieux 2013-2016. DR
Maurizio Sapia, Contaminazioni, 2014. DR
Maurizio Sapia, Contaminazioni, 2014. DR
Polly Tootal, Somewhere in England, 2014. DR
Polly Tootal, Somewhere in England, 2014. DR
Arts visuels Photographie Publié le 16/11/2016
En ce week-end de la photo à Paris, les 11, 12 et 13 novembre, la 5ème édition de Fotofever a contribué à donner un bel aperçu du foisonnant champ créatif d’un art dont on a beaucoup à apprendre. Pédagogique et généreuse, la manifestation a l’art de décomplexer le visiteur.

L’ambition d’une foire d’art est claire : faire connaître ses coups de cœur et vendre les œuvres des artistes que chaque galerie exposant présente. Préambule à cette 5ème édition, la première salle revendique par sa scénographie ce parti pris. Le visiteur s’y retrouve entouré d’une cinquantaine d’œuvres, avec pour chacune un cartel indiquant la galerie qui représente l’artiste et que l’on pourra retrouver dans les espaces. Illustration idéale du salon d’un collectionneur, elle est aussi un encouragement à l’achat aussi puisque chacune de ces œuvres est vendue à moins de 5000 euros. Le néophyte est donc rassuré, il est le bienvenu à la foire. Un message attendu tant il est difficile de se repérer dans un art numérisé.

Ici, le galeriste est bienveillant. Les notions d’édition limitée, d’épreuve d’artiste, sont expliquées. Le temps est pris pour informer le curieux, expliquer ses choix, lui faire découvrir un auteur, les procédés de création de ces images pas comme les autres, et bien sûr l’encourager à réaliser une première acquisition.

Les univers de la photographie sont divers, à l’égal de toute discipline artistique. Les montages de photographies donnent de multiples effets, comme l’illustrent avec humour, dérision et un art subtil de la lumière les compositions de Muriel Bordier (Galerie Annie Gabrielli). Cette même veine de l’art de la multiplication digitale du sujet est portée à son comble par Maurizio Sapia (Galleria Die Mauer), dont les mises en scène sombres ou colorées, très graphiques, sont exclusivement composées de la reproduction de sa propre image, de son propre corps, jusqu’à en faire un point d’ombre et de lumière. Point de réflexion, point de suspension, point d’interrogation sur ce que définit la société de masse…

Les mondes silencieux de Julien Mauve (Galerie Intervalle) ne donnent pas de place à l’homme mais à ce qu’il adviendrait de nos paysages dans un avenir transformé par la disparition de l’électricité. L’idée du futur obstine le photographe, elle lui a inspiré des visions qui interrogent par leur étrangeté.

À l’heure où la variété des logiciels de retouche autorise tous les effets, on est saisi par le travail en chambre de Polly Tootal (Galerie Intervalle). C’est pourtant avec cette technique, qui nécessite un long temps de repérage et la maîtrise de nombreux éléments extérieurs, que la photographe anglaise capte, dans les paysages, une beauté surnaturelle.

De nombreuses compositions font référence à l’histoire de l’art, certaines reprennent des tableaux célèbres. L’ambivalence entre photographie et art pictural est portée à son comble chez Thomas Devaux (Macadam Gallery), dont les impressions sur papier d’art, utilisant des encres pigmentaires, confèrent à ses portraits un effet troublant.

Chaque image a une histoire. Souvent passionnante, elle éclaire l’instant fixé sur le papier, permet de distinguer des détails qui avaient échappé. Chaque photographe a une quête, la connaître permet de mieux cerner son regard, de mieux comprendre ce qui lui fait parcourir le monde.

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