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Les fêtes de fin d’année à l’ère de la sobriété énergétique

par Véronique Giraud
Sanary © Blachere Illumination
Sanary © Blachere Illumination
Hors-Champs Société Publié le 22/10/2022
Dans l’esprit de tous, Noël est un rendez-vous lumineux. Décorant les rues des villes, les marchés de Noël, les grandes places, les illuminations embellissent la fin de l’année de leur magie scintillante et sont une attraction pour petits et grands. Si l’heure est aux économies et à la pénurie, rien ne semble menacer cette tradition.

La crise avec la Russie entrainant la fin de l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe a suscité des réactions de toutes parts pour tenter d’une part de limiter les consommations, d’autre part de trouver d’autres sources énergétiques pour affronter cet hiver.

En France, quelques mesures de restrictions ont été prises dans le secteur public, la plupart symboliques. Le but étant de lancer un mouvement général d’économie dans les entreprises et dans les foyers, les lumières de la Tour Eiffel et des enseignes des magasins doivent s'éteindre de 2h à 6h, l’eau chaude des sanitaires des bâtiments de la fonction publique (exceptés les hôpitaux) doit être supprimée. Et les États membres de l'Europe étaient priés par Ursula von der Leyden en septembre de réduire leur consommation de gaz de 15% d’ici au 31 mars 2023.

Des mesures de bon sens. Moins chauffer son logement l’hiver (19% plutôt que 20° ou 21°), éteindre les appareils électriques en veille, la pièce que l’on quitte sont quelques gestes faciles qui rappellent à tout moment que nos réserves énergétiques ne sont pas inépuisables. À l’échelle européenne, le MWh a dépassé les 160 euros début octobre (un prix multiplié par 8 en 6 mois). Cette hausse des prix de l’énergie, gaz ou électricité, a engendré une prise de conscience générale et conduit à des préconisations de réduction des consommations. Sans doute une bonne chose pour le climat, mais une bien mauvaise nouvelle pour les foyers aux revenus modestes pour qui les économies sont le quotidien.

 

À l’échelle des villes. Certaines collectivités ont choisi de mettre à leur calendrier des mesures visant à diminuer les consommations du secteur public. Ainsi la Ville de Lyon a lancé son plan de sobriété le 10 octobre. « Construit avec l’ensemble des partis politiques, le plan se décline en 18 mesures devant permettre d’atteindre 10% d’économies d’énergie, tout en maintenant les services publics. / Les mesures se déclinent en cinq grands axes : le chauffage, la solidarité énergétique, les bonnes pratiques et la transformation des comportements, les travaux et mesures structurelles et enfin, l’éclairage urbain ». Pour ce dernier poste, le plan prévoit une réduction de l’amplitude des illuminations de Noël à 23 heures (au lieu de minuit) et la suppression d’une semaine en janvier. L’éclairage patrimonial sera limité au samedi, mais la Ville maintiendra la Fête des lumières du 8 au 11 décembre, justifiant que « l’événement présente un bilan énergétique négligeable grâce à l’utilisation de techniques peu énergivores ».

La Ville de Marseille prépare elle aussi un plan de sobriété énergétique. Le 8 septembre, elle a lancé huit commissions thématiques dans la cadre de la labellisation de la Ville au programme des « 100 villes neutres en carbone en 2030 ». Le maire a annoncé avoir déjà mis en place une baisse de la climatisation (26° C en été) et du chauffage (19° C en hiver) dans ses bâtiments municipaux. Chaque degré de baisse représente 7% de consommation d’énergie. Entre mai et septembre 2022, la Ville de Marseille a ainsi économisé 283 000 euros au niveau de l’usage de la climatisation et économisera près d’un million d’euros cette année en baissant le chauffage d’un degré (hors établissements scolaires). Depuis septembre, les 140 monuments bénéficiant de l’éclairage municipal sont éteints à 23h30, à l’exception de Notre-Dame-de-la-Garde. En hiver, ils seront éteints à 22h30. La Ville accélère l’usage de la technologie LED de tous ses éclairages publics, avec l’objectif de diviser par deux sa facture d’éclairage public. D’ores et déjà, la Ville a économisé 1,8 million d’euros en passant un quart de ses éclairages en LED.

La Ville de Salon-de-Provence a dévoilé début octobre son plan de sobriété énergétique, annonçant la décision d’éteindre une partie de l’éclairage public de minuit à 5 heures du matin, de fermer deux de ses musées jusqu’au mois de mai 2023, d’arrêter de chauffer un bassin extérieur de piscine et les serres, enfin de diminuer les illuminations de Noël. « En année normale, la Ville de Salon dépense 2,3 M€ pour payer ses factures énergétiques (gaz, fioul, électricité), explique le maire. Cette année nous allons dépasser les 5 M€. La meilleure des énergies c’est celle qu’on ne consomme pas ». Les mesures annoncées permettront d’économiser 1 M€.

 

Noël pas si coûteux en énergie. La symbolique que représentent les traditionnelles illuminations de fin d'année suscite le débat. Toutefois, comme le précise la société Blachere Illumination, l’éclairage public et, a fortiori les illuminations du mois de décembre, ne figurent qu’en sixième position des items de consommation d’énergie, grâce à l’usage généralisé de la LED, bien après le chauffage, la production de froid et le lavage, le multimédia et la production d’eau chaude. L'ensemble des villes en France ont annoncé la réduction de la plage horaire des illuminations, chiffrant la dépense énergétique ainsi économisée.

 

Les Champs Élysées, un exemple phare. « Paris est une fête » titrait Ernest Hemingway. Et Paris sans les illuminations de l’avenue des Champs où des milliers d’automobilistes viennent fêter la nouvelle année ne serait plus Paris. Emblématique aux yeux du monde entier, la célèbre avenue que l’entreprise Blachere illumine depuis plusieurs années, va elle aussi réduire sa plage horaire. Du 20 novembre jusqu'au 2 janvier 2023, les illuminations s'arrêteront à 23 h 45 au lieu de 2 h du matin excepté durant les soirs de réveillon du 24 et 31 décembre. L’économie sera de plus de 40% par rapport à la facture énergétique de l’année précédente. Déjà, grâce à la LED et aux systèmes de pilotage, le coût énergétique de ses quatre kilomètres d’illuminations n’est que de 50 euros par jour. Mais les efforts sont le lot de tous.

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ENTRETIEN AVEC JOHAN HUGUES, CO-DIRECTEUR DE BLACHERE ILLUMINATION
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