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Les Jeunes Pousses de la Maison Maria Casarès

par Véronique Giraud
Matthieu Roy présente les quatre Jeunes Pousses 2017 venus témoigner de leur résidence à la Maison Maria Casarès. De gauche à droite : Lara Boric, Guillaume Lambert, LJeanne Desoubeaux et Marion Conejero. ©Giraud/NAJA
Matthieu Roy présente les quatre Jeunes Pousses 2017 venus témoigner de leur résidence à la Maison Maria Casarès. De gauche à droite : Lara Boric, Guillaume Lambert, LJeanne Desoubeaux et Marion Conejero. ©Giraud/NAJA
Les trois Jeunes pousses 2018 de la Maison Maria Casarès : de gauche à droite, Fabien Hintenoch, Coraline Claude, Jessica Dalle. ©Giraud/NAJA
Les trois Jeunes pousses 2018 de la Maison Maria Casarès : de gauche à droite, Fabien Hintenoch, Coraline Claude, Jessica Dalle. ©Giraud/NAJA
"S'insérer dans la vie professionnelle" était le thème de la rencontre et de discussions avec les Jeunes Pusses 2017. ©Giraud
Publié le 26/09/2018
Le domaine de la Maison Maria Casarès est immense, la nature y est belle, le jardinier est à l’œuvre. Mais quand on y parle de Jeunes Pousses c’est pour évoquer les jeunes metteurs en scène que la Cie Le veilleur, qui dirige le Centre culturel de Rencontres, accueille en résidence.

Pas facile pour un jeune tout juste formé à la mise en scène de mener à bien sa première création. Trouver un lieu de répétition, puis de représentation, accéder à une diffusion dans les salles de l’hexagone. L’émergence est certes aujourd'hui valorisée par les salles et les festivals, mais les jeunes candidats sont très nombreux à vouloir embrasser une carrière théâtrale. La réalité est que la sortie de l’école ou de l’université est une rude épreuve sans les clés du réseau. Or il est un lieu où, loin de l’agitation parisienne, quelques-uns ont la chance de pouvoir mener à bien leur premier projet. Un lieu où le temps s’écoule paisiblement, comme la Charente toute proche.

À Alloue, petit village situé entre Poitiers et Angoulême, la maison Maria Casarès a été confiée il y a deux ans à la compagnie Le veilleur que forment le metteur en scène Matthieu Roy et la comédienne Johanna Silberstein. Cette grande propriété de cinq hectares, composée du logis de la Vergne, d’une ancienne grange, de bâtiments aménagés dans l'enceinte médiévale, était il y a peut menacée de fermeture. Acquise en 1961 par la célèbre comédienne, séduite par le site qui lui rappelait la demeure de son enfance dans son Espagne natale, la propriété était délaissée depuis son décès en 1996. Mais une nouvelle ère s’ouvre à elle.

 

" Créer, rencontrer, partager ". Allant au-delà de la volonté de Maria Casarès, qui voulait faire de ce lieu une maison du comédien, les deux nouveaux directeurs ont décidé d’accompagner de jeunes metteurs en scène et leurs compagnies, au moment de travailler à leur première création, un moment de recherches traversé par les doutes et les joies. « Créer, rencontrer, partager », tel est le credo de Matthieu, Johanna et Philippe Canalès, un comédien qui soutient activement le projet. « Nous invitons les jeunes metteurs en scène, formés dans une école publique ou privée, à nous transmettre leur premier projet (voire leur second). Une fois les candidatures reçues, nous nous réunissons avec un comité de professionnels. Trois ou quatre projets sont choisis par ce comité, et nous invitons ces metteurs en scène avec leur équipe pendant un mois au printemps, pour venir travailler et répéter à la Maison Maria Casarès. Ils sont nourris, logés, blanchis » explique Johanna. À l’issue de ce mois, ils présentent une étape de leur travail et, entretemps, ils auront travaillé avec une association locale ou une école pour vraiment être au cœur de ce territoire de Charente qui les accueille. Ils sont ensuite invités à venir pendant le week-end des Journées du Patrimoine en septembre pour présenter leur travail devant les visiteurs du site répertorié à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Car la notion de temps est essentielle pour l’équipe dirigeante, et l’accompagnement ne se résume pas à la résidence : « Quand ils viennent ici , les résidents sont notre famille ».

 

Prendre le temps. À la Maison Casarès, « on peut tout demander, excepté Internet », précise Matthieu dans un sourire. Mais, sans les interruptions intempestives, sans le stress habituel, le temps est dense, la concentration favorisée. Rien de tel pour mettre à profit l’introspection nécessaire à toute création. Ce calme, une intendance prise en charge, l’accompagnement des aînés, sont autant de conditions exceptionnelles. Alors que l’expérience Jeunes Pousses a été tentée il y a deux ans, les trois nouvelles Jeunes Pousses sélectionnées en 2018 s’apprêtent, devant diffuseurs, directeurs de théâtres et de structures, à présenter leur spectacle au lendemain du week-end des Journées européennes du Patrimoine. Il ne s’agit pas d’une création aboutie, prête à affronter le public. Plutôt un avant-goût, une ébauche significative laissant percevoir, ou non, les promesses d’un succès. Dans la grange restaurée, devenue salle de répétition et de représentation, des chaises attendent les spectateurs, l’espace restant sera occupé par les comédiens.

 

L'esprit Jeunes Pousses. La compagnie parisienne Le difforme de Jessica Dalle ouvre le bal avec Midi était en flammes, une adaptation du roman de Pier Paolo Pasolini, Théorème. C’est la poésie de cette écriture que le spectacle de Jessica donne à voir, donnant lieu à la création d’une partition musicale jouée en direct par son compositeur, et eà l’idée du parti pris scénographique qui, au stade de projet, est habilement suggéré par un petit théâtre lumineux actionné par la scénographe elle-même. On ressent déjà une belle maîtrise de l’espace, de la lumière et, autour de la table de repas, élément principal de la dramaturgie, des comédiens extraordinaires. Après des applaudissements nourris, Jessica vient s’asseoir aux côtés de Matthieu qui la présente et lui demande de parler de sa création. Un peu plus tard, se succèdent Coraline Claude avec Urgence-S, une écriture collective au plateau, et Fabien Hintenoch, avec L’ennemi intérieur, adaptation d’un texte de Marylin Mattei.

Après ces représentations, tout le monde est invité à se retrouver sous le grand tilleul. Les quatre Jeunes Pousses de l’an dernier, Lara Boritch, Marion Conejero, Jeanne Desoubot et Guillaume Lambert, sont venus témoigner de ce que la Maison Maria Casarès leur a apporté et de quelle façon leurs projets ont évolué depuis leur résidence. Présentés par Matthieu Roy, ils prennent la parole et reviennent sur leur expérience que tous estiment bénéfiques, exceptionnelle par sa durée et la qualité de l'accompagnement, et qui souvent a conduit à révéler des aspects insoupçonnés du métier. Pour deux d’entre eux, le travail mené avec un enseignant dans une école fut une heureuse découverte et a donné envie de recommencer.

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