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Les médecines d’Asie se racontent au musée Guimet

par Véronique Giraud
Dès l’entrée de l'exposition, le sol vibre de lignes mouvantes, rendant perceptible le flux d’énergie naturelle. ©Tréviers/NAJA
Dès l’entrée de l'exposition, le sol vibre de lignes mouvantes, rendant perceptible le flux d’énergie naturelle. ©Tréviers/NAJA
Une représentation de la médecine tibétaine. ©Rivaud/NAJA
Une représentation de la médecine tibétaine. ©Rivaud/NAJA
Bouddha à la noix d'arec © Tréviers/NAJA
Bouddha à la noix d'arec © Tréviers/NAJA
Les flacons de médicaments sont des objets d'art d'une grande beauté. ©Tréviers/NAJA
Les flacons de médicaments sont des objets d'art d'une grande beauté. ©Tréviers/NAJA
Yakushi Nyorai (Bhaishajyaguru, le maître des remèdes). ©RIvaud/NAJA
Yakushi Nyorai (Bhaishajyaguru, le maître des remèdes). ©RIvaud/NAJA
Deux mannequins d'acupuncture. Fabriqués en ivoire, ils étaient utilisés pour enseigner la pratique. ©Tréviers/NAJA
Deux mannequins d'acupuncture. Fabriqués en ivoire, ils étaient utilisés pour enseigner la pratique. ©Tréviers/NAJA
Les ouvrages de médecine témoignent des influences entre Asie et Occident. ©RIvaud/NAJA
Les ouvrages de médecine témoignent des influences entre Asie et Occident. ©RIvaud/NAJA
Dans la salle du dialogue entre Asie et Occident, s'est malicieusement glissé un beau dessin de pangolin. ©Tréviers/NAJA
Dans la salle du dialogue entre Asie et Occident, s'est malicieusement glissé un beau dessin de pangolin. ©Tréviers/NAJA
Une salle de méditation s'intègre au parcours du musée Guimet. ©Rivaud/NAJA
Une salle de méditation s'intègre au parcours du musée Guimet. ©Rivaud/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 10/06/2023
Les collections asiatiques du musée Guimet attirent les amateurs d’art. Mais avec l’exposition Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre, l’institution expérimente une approche sensible. Confrontant les œuvres du musée aux pratiques thérapeutiques associant le corps et l'esprit, elle interroge du même coup la place du bien-être dans nos vies.

Les errements et les angoisses liés au récent Covid influencent la réception de l'exposition Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre. Si des regards accusateurs se sont posés et se posent encore vers l’Asie, la Chine en particulier, les médecines alternatives continuent leur chemin. Au sein du musée Guimet, le croisement de soin et de sacré, de physique et de mental, d’art et de connaissance, d’histoire et de mythe, forme un parcours original et passionnant.

Dès l’entrée, le sol vibre de lignes mouvantes, rendant perceptible le flux d’énergie naturelle qui, depuis des millénaires, a guidé l’approche des médecines chinoise et japonaise. En témoigne un grand dessin du corps humain traversé par les méridiens. Un autre dessin représente un « paysage intérieur », vision idéale d’un corps et d’un esprit en bonne santé, révélant une disposition intérieure en se référant à la nature. L’une des méthodes de diagnostic est la prise de pouls, comme l’illustrent plusieurs œuvres du XIXe siècle, avec l’observation, l’interrogatoire, l’écoute. Plusieurs mannequins d’acupuncture chinois sont présentés, ils étaient utilisés pour l’enseignement de la pratique. Une pratique aujourd’hui enseignée en France.

 

Médecines de la bonne santé. Les œuvres qui ont illustré les trois médecines, indienne, tibétaine, extrême-orientale, témoignent de la relation entre soin et sacré, et de l’importance de la prévention. « Alors que la médecine occidentale est avant tout une médecine de la maladie, les médecines asiatiques apparaissent comme des médecines de la bonne santé, qu’il est souhaitable d’entretenir » explique la conservatrice Aurélie Samuel, conceptrice de l’exposition.

D’une œuvre à une autre, l’histoire de ces médecines nous est contée. Rien de rébarbatif, juste la splendeur de dessins, de peintures, d’objets, qui n’ont souvent jamais été montrés. Les divinités de la médecine, sculptées, peintes, dessinées, ont des fonctions très établies. Objets de vénération, ils sont susceptibles d’épargner la souffrance voire de guérir. Ils peuvent incarner le ou les esprits malfaisants à l’origine de la maladie.

« L’intérêt d’une telle exposition est qu’elle permet de montrer des œuvres qu’on ne montre pas habituellement, ou de les lire différemment » souligne Aurélie Samuel. La conservatrice du patrimoine, qui a travaillé plusieurs années au musée Guimet, a associé au commissariat de l'exposition Alban François, spécialiste de l’Asie du Sud et du monde indianisé, et Thierry Zéphir, en charge des collections Népal et Tibet du musée. Ce dernier s’est attaché à la médecine tibétaine et a constitué un grand panthéon indou, où le bouddhique est le plus représenté, au côté de l’imagerie taoïste. « Toutes ces divinités, par leurs fonctions, peuvent guérir de maladies de peau, digestives, garantir la survie et le bon développement des enfants en bas âge » explique le chercheur. Dans la sphère culturelle du Tibet, rester en bonne santé ou guérir relevait autant de la religion que de la science médicale. Cette dernière a toujours coexisté avec d’autres pratiques thérapeutiques, empiriques ou magico-religieuses, susceptibles d’offrir un recours contre la maladie. Rappelant que Bhaishajyaguru, le Bouddha historique, est le médecin des âmes, Thierry Zéphir explique que « c’est un monde de spiritualité, le bouddhisme tantrique est célèbre pour ses pratiques permettant d’accéder au salut, à l’éveil. Nous avons voulu aussi inscrire le Tibet car la tradition de la médecine tibétaine se fonde sur des écrits compilés dès le XIIe siècle, puis revivifiés de commentaires au XVIIe sous le règne du Ve Dalaï Lama, et développés en créant notamment des établissements d’enseignement de la médecine à Lassa et en faisant produire des peintures illustrant tous les aspects des quatre tantras qui fondent cette médecine ».

Le parcours s’achève par un espace où, guidé par la voix de Mathieu Ricard, le visiteur est invité à prendre le temps de la méditation. Et, pour compléter le propos, le médecin psychiatre Christophe André, spécialiste de l’usage de la méditation dans le domaine de la santé, propose quatre vidéos où il traite de la méditation en s’appuyant sur quatre chefs d’œuvre des collections du musée.

 

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ENTRETIEN AVEC VALÉRIE SAMUEL, CO-COMMISSAIRE DE L'EXPOSITION
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