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ACCUEIL > Oeuvre > Les rêves habités de Clara Citron

Les rêves habités de Clara Citron

par Véronique Giraud
paysage ©Clara Citron
paysage ©Clara Citron
couverture du livre Désordre ©Clara Citron
couverture du livre Désordre ©Clara Citron
Tristesse dans ma bouche ©Clara Citron
Tristesse dans ma bouche ©Clara Citron
Ordre initiatique ©Clara Citron
Ordre initiatique ©Clara Citron
Sous la couette ©Clara Citron
Sous la couette ©Clara Citron
Masturbation ©Clara Citron
Masturbation ©Clara Citron
Ordre initiatique ©Clara Citron
Ordre initiatique ©Clara Citron
Salon de Montrouge Gravures ©Clara Citron
Salon de Montrouge Gravures ©Clara Citron
Salon de Montrouge Dessins ©Clara Citron
Salon de Montrouge Dessins ©Clara Citron
Arts visuels Arts plastiques Publié le 04/06/2015
Désordre, c'est le titre choisi par Clara Citron pour exprimer en un livre les peurs et les fantasmes d’une jeune fille en passe de devenir adulte. Au fil des pages, textes et dessins se lient et se délient. Les travaux présentés au Salon de Montrouge, où l'artiste a été sélectionnée cette année, poursuivent cette inspiration onirique crûment plantée dans le réel.

Clara Citron rêve beaucoup. Ses rêves habitent ses nuits, ses jours et ses dessins. Ils lui inspirent des visions, d’où émergent des personnages, inspirés de sa propre existence, des scènes aux thèmes récurrents : la sexualité, le désir ou non de devenir mère, la violence, la mort.

Clara Citron lit beaucoup. Depuis longtemps et intensément. Comme tout ce qu’elle fait. Ses lectures de Claude Simon, Oscar Wilde, Anaïs Nin, Claude Levi-Strauss, Valère Novarina, Virginie Despentes… le rap, la musique, se trouvent dans ses travaux.

Clara Citron aime écrire sur la page de ses dessins, ou remplir de mots une page blanche. Gravées elles aussi, phrases d’écrivains et inspirations personnelles, trouvent naturellement place à côté de ses grandes scènes. La relation texte et image reste fondatrice de sa création.

Clara Citron aime les liaisons dangereuses : celles que le blanc entretient avec le trait et la couleur, celles du rêve et de sa concrétisation artistique : « imaginons que je rêve d’avoir un enfant, cela me plaît dans mes travaux de me poser la question : Ah non pas de ça dans mon ventre ! J’aime jouer avec la dualité entre ce que je suis vraiment et ce que je veux exprimer en tant qu’artiste ».

Le triptyque de grandes gravures, conçu pour le Salon de Montrouge, et qui prolonge son travail, est accompagné de petites gravures de textes. L’association du texte et de l'image est évidente, alors qu'aucun lien n’est suggéré. Clara aimerait « perdre le spectateur ». Dans chaque gravure, elle dessine, construit des petites scènes, comme des référents conscients de la sexualité, y place ses proches, ses amours, elle-même. C’est à la fois très vrai et ça ne l'est pas.

De son dessin cru, ce qui frappe et séduit, attire et révulse, c’est d’abord sa grande énergie, son geste, imposé. On pressent que ce qui a surgi est violent et que Clara veut maintenir en suspens cette énergie. Elle est là, dessinée. Elle prend la forme de lettres, d’un dessin parfaitement éclairé par un fond blanc. Loin du bien fini, l’ensemble a l’élégance du désordre. C’est l’univers de Clara. Pas un chuchotement poli, mais la stridence d’un cri, l’explosion d’un fou-rire.

De nombreuses femmes, beaucoup de vagins, de culs, la sexualité est partout. Sur les grandes gravures, de petits spermatozoïdes gravissent un escalier qui mène à un grand trou noir… des portraits, ses proches, ses parents, elle-même. "Je travaille très vite, j’ai besoin de produire énormément. Une dizaine de dessins pour passer une bonne journée. J’accumule énormément de dessins, ensuite je les construis, en séries. Pour moi, la différence entre le trait et le blanc est essentielle. En dessin et en gravure, on a souvent tendance à vouloir trop en faire, à tout remplir."

Ce n’est pas la virtuosité du trait, l’amour du travail bien fait qui anime Clara Citron. Au contraire, ça l’indispose. Ses grandes gravures, elle les exécute sur des plaques de plexiglas, par souci d’économie mais aussi parce qu’ainsi elle obtient un blanc nuancé, taché, sale. "J’ai un problème avec le fait de trop montrer qu’on sait faire, qu’on sait bien faire. Des choses très minutieuses, impressionnantes pour un œil non averti. Je n’y suis pas sensible, alors que parfois un dessin tout petit sur une page très grande me donne la possibilité de réfléchir, de me pencher. Le dessin c’est un moment de pauseJ’ai beaucoup de mal à dessiner sur des beaux papiers. Pour me sentir libre dans mon trait, j’ai besoin que ce soit un papier de qualité médiocre. C’est comme ça que mes meilleurs dessins viennent. "

Ce qui l'anime ? La fulgurance. Si on tente de construire un récit, en rattachant chacun des petits dessins que Clara a réunis sur une planche, c’est plutôt inquiétant et quand on lui fait part de cette impression elle acquiesce, mais cette inquiétante violence l’amuse beaucoup.

 

 

Bio :

Née en 1989, Clara Citron a fait des études à l’ENSAD de Paris dans la section image imprimée, dont elle est sortie diplômée en 2014. Elle y a beaucoup dessiné, elle y a appris à réaliser des livres, à s’exprimer par le livre. De la gravure à l’imprimante et à la sérigraphie. Si Clara Citron aime le livre, il ne lui suffit pas, elle s’y sent à l’étroit. Les gravures libres et les dessins lui permettent d’exprimer les grandes scènes qui s’imposent à elle. www.claracitron.com

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