espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > Ma nuit à Beyrouth, l’expérience de l’absurde au pays du cèdre

Ma nuit à Beyrouth, l’expérience de l’absurde au pays du cèdre

par Véronique Giraud
Ma nuit à Beyrouth, Nadim Bahsoun et Mona El Yafi ©Marie-Clémence David
Ma nuit à Beyrouth, Nadim Bahsoun et Mona El Yafi ©Marie-Clémence David
Arts vivants Interdisciplinaire Publié le 18/12/2025
"Ma nuit à Beyrouth" est la première mise en scène solo de l'autrice et comédienne Mona El Yafi. Associant danse et théâtre, humour et traumas, le spectacle est né de sa rencontre avec le performeur Nadim Bahsoun. Ensemble ils évoquent un pays à la dérive, qui confronte le citoyen à l'incompréhension. Sélection du Festival Impatience.

Le spectacle pourrait s’appeler « Mes nuits à Beyrouth » car il aura fallu non pas une mais trois nuits blanches dans la capitale libanaise pour que Nadim Bahsoun obtienne son nouveau passeport, le sien ayant expiré. Cette expérience, certes fugace, a laissé au danseur une amertume pour son pays qu’il a partagée avec Mona El Yafi, alors dramaturge pour Fouad Boussouf dont Nadim était l’un des interprètes. La franco-libanaise reçut cette confidence comme l’opportunité d’écrire sur le pays de son père. Elle n’y a pas vécu, elle est née en France, mais le Liban fait partie de l’histoire familiale et ce que relatait Nadim était très éloigné de la réalité qu’elle percevait.

« C’est la première fois que je me suis autorisée à écrire sur le Liban » explique la dramaturge qui a choisi d’incarner le rôle d’Aïda, l’amie de Nadim. Ce dernier déploie son corps de performeur pour exprimer la longue attente, au milieu de la longue file, pendant trois longues nuits. Des moments passés dans un Beyrouth sans éclairage public, que seuls les phares des voitures éclairent par intermittence, des déconvenues, des face à face avec les gardes incapables de renseigner, donnant seulement l'ordre de revenir. Autant de contraintes et d'humiliations relatées par Aïda, dont l’attitude statique et les regards fixent intensément le danseur. Les imbroglios pour obtenir le fameux ticket permettant d’accéder au bureau de remise du passeport décrivent un pays ravagé par la guerre, en pleine déréliction, où le citoyen se sent dépossédé de son identité. Peu à peu, le corps de Nadim accomplit des mouvements de danse orientale, d’autres illustrant un quotidien libanais fait de frustrations et de craintes, plongeant Aïda vers un ailleurs qu’elle n’a pas connu, des souvenirs qui lui sont chers. Ces mouvements vont contaminer le corps d’Aïda, jusque-là renfermé sur ses traumatismes, jusqu’à ce qu’ensemble ils accomplissent les pas d’une danse réconciliatrice.

 

 

Ma nuit à Beyrouth. Conception : Mona El Yafi et Nadim Bahsoun. Autrice, metteuse en scène, interprète : Mona El Yafi. Chorégraphe, interprète : Nadim Bahsoun. Assistante à la mise en scène : Elise Prévost. Collaborateur artistique, regard extérieur théâtre : Ayouba Ali. Regard extérieur danse : Krystel Khoury. Compositeur : Najib El Yafi. Créatrices lumière, régisseuses : Océane Farnoux, Alice Nedelec. Scénographes : Marcel Flores et atelier paradis décors. Vendredi 12 décembre à 19h samedi 13 décembre à 16h et 20h dimanche 14 décembre à 16h au Jeune Théâtre National, dans le cadre du Festival Impatience, festival du théâtre émergent.

 

Mona El Yafi est agrégée de philosophie, comédienne au théâtre et au cinéma, autrice et metteuse en scène au sein de la compagnie Diptyque Théâtre.

Partager sur
Fermer