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Malavida Films, à la recherche du cinéma perdu

par Clémence Bohême
Cinéma Film Publié le 28/11/2014
Les éditions Malavida créées en 2004 ont choisi de remettre au goût du jour des cinéastes méconnus. Entre projections de films de Jiří Menzel, un réalisateur tchèque le mois dernier, et du suédois Bo Widerberg le mois prochain, Malavida explore le monde et le cinéma pour partager sa passion avec les cinéphiles.

Pour les éditions Malavida, le cinéma de demain c’est aussi le cinéma d’hier. Le cinéma de ces réalisateurs peu connus, parfois censurés par l’Histoire, souvent oubliés. En janvier prochain, la société d'édition et de distribution ressortira notamment trois films en salles de Bo Widerberg, un cinéaste suédois mort en 1997. « Dans le cinéma, beaucoup de chefs-d’œuvre sont en péril, comme ça peut être le cas pour l’architecture ou pour des peintures », explique Anne-Laure Brénéol, qui a fondé avec Lionel Ithurralde cette société d’édition DVD et de distribution en salles. C’est le cas de Jiří Menzel, réalisateur tchèque dont le film Alouettes, le fil à la patte, censuré en 1968, paraissait trop politique aux yeux du parti communiste tchécoslovaque. Malavida a choisi de rééditer son œuvre. Depuis 2004, année de création de la société, les deux fondateurs s’intéressent au patrimoine cinématographique dormant dans les archives de certains pays, ou dans les greniers de certains ayants droit.

Un travail de Sherlock Holmes. Au départ, il y a une cinéphilie passionnée. Anne-Laure et son compagnon ont dévoré de nombreux films depuis toujours. Et puis ensuite, il y a « un vrai travail de Sherlock Holmes » comme l’explique Anne-Laure Bénéol. D’un auteur à l’autre, d’un film à l’autre, pour retrouver ces réalisateurs, ils voyagent dans le monde entier à la recherche des films et des droits, à la rencontre des ayants droit. Et le travail est parfois laborieux. « A l’Est, avant la chute du mur c’était vraiment l’Etat qui produisait et donc qui était propriétaire des films. Il y a des pays comme la Hongrie où c’est extrêmement difficile de sortir les pellicules parce que les héritiers ou certains auteurs eux-mêmes, ne sont pas propriétaires de leurs films », précise la directrice de Malavida. Des conditions qui n’incitent que peu de sociétés d’édition à s’aventurer sur ce terrain. Mais ces amoureux du cinéma s’attachent à la restauration de ces films d’auteurs, presque confidentiels, dans leur propre pays. « Avec la Pologne, on a travaillé autour d’un réalisateur qui s’appelle Wojciech J.Has ou encore Andrzej Munk dont on a édité l’intégralité des œuvres. Ce sont des collections uniques au monde. » Pour le reste du travail, la cinéphile et son équipe appliquent « une ligne éditoriale au coup de cœur et au désir de ne pas garder les choses pour soi ». Un partage autour de chefs-d’œuvre qu’elle vend dans sa petite boutique indépendante de la rue Houdon (18ème arrondissement de Paris).

Prédilection pour l’Est. Le cinéma de l’Est a été très apprécié et a fait l’objet de grandes carrières à l’international comme Milos Forman ou Ivan Passer, exilés aux Etats-Unis à la suite de la censure communiste. Ces pays, par leur histoire, ont marqué le cinéma et donc Malavida. « Les cinq premiers films de Jerzy Skolimowski par exemple, étaient restés censurés en Pologne. Notamment Haut les mains que nous avons édité il y a deux ans. Un film invisible dans son pays », explique Anne-Laure Brénéol.
Les deux passionnés ont aussi un certain prisme pour les années 1960-1970, les années des perles rares du cinéma. « C’est une période qui a été oubliée puisque les films sortaient en salle mais les VHS ou autres supports pour s’approprier les films au quotidien n’existaient pas. Il y a donc tout un pan de cinématographie qui dort, et encore plein de pays à explorer ». Ces inconnus, ces artistes du cinéma censurés à leur époque, ces films volontairement oubliés, c’est la marque de fabrique des éditions Malavida. Et ce, même si le public est plus rare. « On est assez à l’abri d’un énorme succès commercial je pense » souligne-elle ironiquement.

Editions Malavida (La Boutika)
6 rue Houdon
75018 PARIS
01 42 81 37 62

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