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Au MRAC Sérignan, « La vie aquatique » livre ses créations

par Véronique Giraud
"La vie aquatique", exploration artistique au MRAC Sérignan. ©Giraud/NAJA
Simon Faithfull, vidéo
Simon Faithfull, vidéo "Going Nowhere 2" (2016). ©Simon Faithfull
Maarten Vanden Eynde,
Maarten Vanden Eynde, "Plastic Reef". © Maarten Vanden Eynde
Maarten Vanden Eynde,
Maarten Vanden Eynde, "Plastic Reef" (détail).©Giraud/NAJA
Ellen Gallagher, Whale Fall, 2017 ©Giraud/NAJA
Ellen Gallagher, Whale Fall, 2017 ©Giraud/NAJA
Hicham Herrada, « Field, 2017 » : les paysages changeants des aquariums. ©Giraud/NAJA
Hicham Herrada, « Field, 2017 » : les paysages changeants des aquariums. ©Giraud/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 19/04/2017
L'exposition en cours du musée d'art contemporain de Sérignan, "La vie aquatique", explore le motif de la mer à travers les œuvres de 17 artistes internationaux. Qu'ils s'en emparent comme élément symbolique ou de vie, leurs créations nous conduisent le plus souvent sur des rives peu idylliques.

Sandra Patron, qui dirige le Mrac (musée régional d’art contemporain) de Sérignan depuis septembre 2014, assume le commissariat des quatre nouvelles expositions de printemps : deux collectives, dont un nouvel accrochage de la collection, et deux personnelles, celle de l’Anglaise Lucie Skaer et celle de Daniel Otero Torres, un jeune artiste colombien.

 

La vie aquatique. L'exposition collective regroupe 17 artistes français, japonais, marocain, américain, colombien, chilien… Son titre, La vie aquatique, Sandra Patron l'a emprunté au long-métrage du réalisateur américain Wess Anderson, très librement inspiré de la vie du commandant Cousteau. "Un titre à la fois séduisant et ironique", commente la commissaire.

La mer inspire les artistes depuis fort longtemps. Elle est autant objet de contemplation sublimée, que de mystère et de tragédie. Dans l’exposition de Sérignan, les tensions des enjeux actuels, autant environnementaux que migratoires, sous-tendent les œuvres sélectionnées. Parmi elles, la vidéo Atrato (2014) du Colombien Marcos Avila Forero (lire article) ou encore la sculpture du plasticien belge Maarten Vanden Eynde, fruit de cinq ans d’un parcours des cinq océans avec un océanographe, auteur du 7ème Continent. L’artiste a prélevé des déchets plastiques de ce "7ème Continent" développé dans les fonds marins, et les a intégrés dans sa sculpture qui, au fil du voyage, n’a cessé de s’agrandir.

Une poésie de l’absurde anime la vidéo de l’Anglais Simon Faithfull, dans laquelle un homme habillé d’un pantalon et d’une chemise blanche s'enfonce d’un pas décidé au fond de l’océan. Un peu plus loin, les fonds marins de l’Italien Piero Gilardi, plus vrais que nature, sont réalisés en mousse de polyuréthane. Leurs couleurs vives, leur parfaite organisation, évoquent la nature fantasmée et factice qui habite nos intérieurs.

 

La mer au féminin. La jeune artiste brésilienne Maria Laet (1982- ), dont on voit les mains coudre la plage avec un long fil blanc à l’endroit marqué par la vague, exprime son engagement par un geste très féminin. On peut sans doute trouver dans son œuvre une filiation féministe avec l’Américaine Hannah Wilke (1940-1993), qui dans sa vidéo Hello Boys (1975) joue avec l’image fantasmée de la femme sirène en filmant son beau visage derrière les vitres d’un aquarium. Ellen Gallagher (1965 - ) est rarement présentée en France. Alimentant, entre autres, le débat autour du stéréotype de la coupe afro avec ses collages d’images de femmes noires, découpées dans des magazines, auxquelles elle ajoute d’une coiffure afro. Pour La vie aquatique, trois grands formats ont été sélectionnés. Il s'agit des travaux les plus récents de l’artiste qui, ayant longtemps vécu près de la mer et suivi des études en océanographie, s’est intéressée à un mythe, né avec les longues traversées des navires partant d’Afrique pour les Etats-Unis. Au cours de ces longs voyages, de nombreuses femmes enceintes, souvent suite à un viol, furent jetées par-dessus bord. Une mythologie américaine évoque qu'une atlantide noire s’est formée à partir de créatures mi humaines mi poissons provenant de ces femmes mortes. Avec une technique mixte très complexe, collage, encre de stylo, acrylique, dessin, sa série Wahle fall (littéralement chute de la baleine, terme scientifique exprimant l’idée qu’à sa mort, la baleine crée un nouvel écosystème) reprend l’image d’une déesse noire vivant au fond des océans, comme une résilience des Afro-américains, capables de se réinventer à partir d’une condition extrême.

La loterie de la mer. Le parcours s’achève avec un essai visuel d’Allan Sekula (1951 - 2013). Ce photographe, écrivain militant et artiste documentariste a entrepris un immense projet, The Dockers’ Museum, qui entremêle économie et champ artistique. Pour l’artiste, la mer est la parfaite métaphore de la difficulté des rapports sociaux et économiques que produit la mondialisation. Elle est incarnée par la figure du marin qui, avec ses conditions de vie difficiles, participe pourtant au développement du capitalisme. Dans son film-essai présenté au Mrac, The lottery of the sea, il décrit la mer comme une véritable comme une autoroute géante surchargée de containers et de paquebots de tourisme…

 

Les artistes : Dove Allouche, Marcos Avila Forero, Hicham Berrada, Simon Faithfull, Aurélien Froment, Piero Gilardi, Maria Laet, Laurent Le Deunff, Ellen Gallagher, Jochen Lempert, Mehdi Melhaoui, Enrique Ramirez, David Renaud, Allan Sekula, Shimabuku, Maarten Vanden Eynde, Hannah Wilke.

 

La vie aquatique, exposition du 25 mars au 18 mai 2017 au MRAC Musée régional d’art contemporain, 146 avenue de la plage - 34 410 Sérignan

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