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MO3T : le projet français de librairie numérique explose en vol

par Pierre Magnetto
Avec l’abandon du MO3T, le projet de librairie française numérique reste en rayon.©Naja
Avec l’abandon du MO3T, le projet de librairie française numérique reste en rayon.©Naja
Livre Publié le 25/02/2016
Après près de 7 millions d’euros d’investissements, Orange vient d’annoncer l’abandon du projet MO3T (modèle ouvert trois tiers). Il s’agissait de développer une plateforme proposant livres numériques interopérables sur n’importe quelle tablette. Une manière pour la librairie Française de faire face aux géants Amazon, Google et Apple qui commercialisent des modèles dits « fermés ».

« Principal frein à l’essor du livre numérique, la diversité des formats et leur incompatibilité entre eux empêchent de garantir à l’utilisateur que le contenu qu’il achète est lisible d’un logiciel à l’autre, d’une tablette à l’autre… C’est pour lutter contre cette rigidité du marché qu’Orange a initié en 2012 le projet MO3T, qui rassemble 18 des principaux acteurs du livre et des NTIC », écrivait l’opérateur téléphonique il y a tout juste quatre ans. Le 22 février dernier on le sait, le projet a fait long feu puisqu’il vient d’être officiellement abandonné. L’industrie de la librairie qui misait sur ce projet pour développer la vente de livres numériques sans en passer par Apple, Amazon, Google, qui ont imposé leur propre format numérique, déchantent.

 

Un travail collaboratif entre les acteurs des filières du numérique et de la librairie. Mener à bien le projet MO3T (modèle ouvert trois tiers) dont Orange était la tête de file, nécessitait un travail collaboratif entre acteurs du numérique, de l’édition et de la diffusion. L’objectif était de produire un format interopérable, c’est-à-dire lisible sur tout type de liseuse. D’où la création d’une plateforme comptant 17 membres outre Orange, notamment les deux autres opérateurs de téléphonie SFR et Bouygues, les éditeurs Editis, La Martinière et Gallimard, les libraires Dialogues, Lamartine, La Procure, la librairie en ligne ePagine lou encore Dilicom, le syndicat interprofessionnel des libraires.

7 millions d’euros de R&D dont 3 millions apportés par l’Etat. En 2012, les besoins financiers en terme de R&D avaient été évalués à 7 millions d’euros. L’Etat, qui avait inscrit le projet au titre de ses programmes d’investissement d’avenir y avait consacré 3 millions. Annoncé pour 2013 en ce qui concerne la présentation de la maquette, puis pour 2014, repoussé à 2015 pour ce qui est de l’industrialisation, le projet n’a pas avancé, s’est enlisé, jusqu’à ce qu’Orange jette l’éponge. « Nous avons toujours dit qu'il fallait que l'ensemble des opérateurs s'engage, et certains acteurs n'ont pas suivi. Le logiciel a été développé avec succès, mais pour lancer les choses commercialement, il était nécessaire que l'ensemble des acteurs soit présent », se justifie-t-on chez Orange. De son côté, le Syndicat de la librairie française estime que l’arrêt du MO3T « est un choix d’orange que nous regrettons mais qui relève de sa responsabilité » comme l'exprimait son délégué général au site d’information littéraire Actualitté. Le projet s’achève donc sur un fiasco, mais pour autant les choses vont-elles en rester là ?

« Plusieurs centaines de libraires sont d’ores et déjà regroupés sur deux plateformes principales, leslibraires.fr et ePagine, ajoutait le syndicat. L’idée n’est donc pas de créer une nouvelle plateforme, mais d’étudier avec les deux existantes la mise en place d’un dispositif de modèle ouvert offrant la même fluidité, la même interopérabilité et la même qualité d’expérience client que celles qui étaient prévues pour MO3T », dit-on au Syndicat de la librairie française.

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