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No mafia à Palerme

par Véronique Giraud
No mafia © RivaudNaja
No mafia © RivaudNaja
Hors-Champs Société Publié le 22/07/2021
Dans une rue de Palerme, un lieu célèbre depuis 2017 la mémoire de ceux qui ont osé affronter la mafia. Il maintient à la vue de tous le souvenir et le courage des hommes, des procureurs et des juges qui furent tués par l'organisation dans les années 80.

Depuis les années 60, la notoriété, l’urbanisme et le tourisme de Palerme pâtissent de la criminalité organisée de Cosa Nostra. La ville, sale et dangereuse, avait perdu de ses attraits pourtant nombreux. Dans les années 80, en trois ans, 3 000 assassinats furent perpétrés, autant de crimes qui terrorisèrent la population frappée d’omerta. En l’absence de témoignages des victimes apeurées, les criminels ont poursuivi leurs activités en toute impunité. Le cinéma en est le témoin le plus fidèle, Cosa Nostra a inspiré bien des réalisateurs d’Hollywood et de Ciné Citta.

Depuis les années 50, la mafia a évolué de l’extorsion de fonds exercée auprès des commerçants aux trafics de contrebande et à la spéculation immobilière, comme le révéla le film courageux Main basse sur la ville réalisé par Francesco Rosi où l'on assiste à un fabuleux conseil municipal gangréné par la mafia. S'ensuivent les trafics des années 70 liés aux drogues à ceux d'aujourd'hui, la guerre entre les parrains du début des années 80, que raconte Le parrain, la trilogie de Francis Ford Coppola.

Tommaso Buscetta et Matteo Corleone ont inspiré les grandes heures du 7ème art. La mafia fait la loi, titre d’un long-métrage de Damiano Damiani inspiré du roman de Leonardo Sciascia Le jour de la chouette, résume bien la situation. La corruption, généralisée, touche les politiciens et l’ensemble des institutions. L’armée de la mafia recrute les petits, les enfants, les jeunes, mettant à sa merci leurs familles condamnées au silence. Umberto Santino, qui a fondé le centre No Mafia Memorial de Palerme après avoir longuement étudié le phénomène et ses origines dans l’histoire de la ville, relate dans le court ouvrage Mafia et antimafia hier et aujourd’hui les premiers épisodes dramatiques d’un système qui, au fil des siècles, a évolué avec la société. On y lit que, bien avant l’unification de l’Italie, les guerres entre les nobles de Sciacca (Agrigente) ont eu lieu de 1455 à 1529. Le meurtre d’un magistrat en 1531, dont les assassins furent protégés par le vice-roi ont construit un récit sicilien marqué par le sang, le racket et autres crimes.

Le centre No Mafia Memorial se visite au 353 Via Vittorio Emmanuele. Les nombreuses photos et les documents exposés attestent de la cruauté d'une organisation qui fonde les sombres heures d'une île et témoigne du courage inébranlable de ses opposants.

Leoluca Orlando, cinquième maire de Palerme, a été membre du Parlement européen et a étudié le droit à Heidelberg. Le 5 juillet 2021, il a reçu la Croix fédérale du mérite pour sa politique en matière de réfugiés et d’Europe.

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