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Nouvelle Donne pour Malavida

par Véronique Giraud
Malavida Films s'est battu pour que Nouvelle Donne (d'abord titré Reprise), le premier film de Joachim Trier, rencontre le public en France. Une belle histoire de cinéma. DR
Malavida Films s'est battu pour que Nouvelle Donne (d'abord titré Reprise), le premier film de Joachim Trier, rencontre le public en France. Une belle histoire de cinéma. DR
Cinéma Film Publié le 18/05/2015
Quand on est passionné, on prend des risques. Pour Anne-Laure et Lionel, c'est le cinéma. Ils ont créé leur société Malavida Films parce que des chefs d’œuvre du 7ème art étaient en passe d’être oubliés ou, pire, ignorés. Leur premier coup de cœur leur a coûté très cher. On rembobine.

On peut travailler pour le cinéma et ne pas être acteur, réalisateur ou producteur. Anne-Laure Brénéol et Lionel Ithurralde ont mis leur passion dans la diffusion des films. Anne-Laure, qui a grandi à Rouen, n’aurait manqué pour rien au monde le Festival du Cinéma Nordique qui a réchauffé les printemps de sa ville pendant plus de vingt ans à partir de 1988. Il fut une source de révélations pour celle qui avait pris l’option cinéma à quinze ans au lycée. Et de sa décision de créer avec Lionel Malavida Films. La société œuvre en amont en donnant à fond leur chance à leurs films coup de cœur : projections de presse, DVD de presse, attachés de presse… Rien à envier à la MGM ou à Universal. La société l’a payé pendant deux ans. Deux ans où elle a du ronronner, ne plus faire de salles, se contenter d’être éditeur de DVD. Anne-Laure raconte.

 

Pourquoi avoir créé Malavida ? « J’allais voir tous les films du Festival du Cinéma Nordique, en particulier ceux que je ne connaissais pas. Quand j’ai vu les films de Bo Widerberg ça a été une claque phénoménale. J’avais 17 ans. Mais ensuite les films disparaissaient. Si j’ai voulu monter Malavida c’est en grande partie pour revoir tous ces films qui m’avaient marqué et les partager ».

 

Coup de poker pour Joachim Trier. « Je n’oublierai jamais le jour où, à ce même festival en 2006, j’ai découvert Joachim Trier. C’était Reprise, son premier film (le titre n’a pas pu être conservé, entre temps un autre film était sorti sous ce titre. Il est devenu Nouvelle Donne). J’étais assise près de Lionel, nous venions de créer Malavida, et je lui broyais le bras en me disant « je le veux, je le veux ». Les ayant-droits, une boîte de vente internationale suédoise, demandait des sommes pharamineuses pour un jeune auteur encore inconnu. Nous avons un peu négocié et nous nous sommes lancés. Nous y croyions très fort, nous le voulions. Et nous avons failli couler notre société. Notre intuition était la bonne, nous ne doutions pas de la qualité de l’auteur, mais le risque était mal calculé. A l’époque, il n’y avait pas encore de DCP (Digital Cinema Package). Nous y croyions tellement que nous avons fait une folie, en faisant faire 23 copies 35 mm. Autant de copies que de villes voulant le film en sortie nationale. C’était notre deuxième expérience après le film de Philippe Catherine Peau de cochon, tourné en vidéo, donc beaucoup moins onéreux. Pour Nouvelle Donne, on savait que les coûts seraient plus importants mais nous avons fait de nombreuses copies, persuadés que le film allait rencontrer un large public. Nous avons du en faire détruire trois ans plus tard. C’était horrible. »

 

Nouvelle donne pour Malavida. « Nous sommes toujours persuadés que Joachim méritait cela. Nous sommes heureux et fiers de l’avoir fait. Voir aujourd’hui qu’à son troisième film, il est en compétition pour la Palme d’or à Cannes, c’est une vraie reconnaissance. D’autant que Nouvelle Donne est pour nous son meilleur film, avec une énergie et un humour magnifiques. Malgré l’échec de la salle, nous avons fait son DVD avec la même exigence. Nous aurions pu nous contenter de faire un boîtier en plastique. Au lieu de ça, nous avons fait un double DVD, en y mettant ses trois court-métrages (2000, 2001, 2002) que nous avons achetés aux écoles de cinéma. J’ai réalisé moi-même la bande-annonce. Joachim Trier m’a confié par la suite que c’était la meilleure de tous les pays (30) où était sorti le film. Nous avons fait une énorme fête à Paris sur une péniche pour la sortie du DVD en juin 2008. En faisant venir toute l’équipe, les comédiens, son co-scénariste, et même le compositeur de la musique. L’actrice principale, qui est aussi chanteuse, avait fait un concert avec son groupe. L’ambassade de Norvège en France nous avait aidé, avec une petite enveloppe de 1000 euros, payé les billets d’avion. Nous avions même eu un partenariat avec du saumon, tranché à la demande. »

 

Happy end : « J’ai reçu il y a deux jours un mail de Joachim Trier qui finissait par « Love from Oslo ».

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