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« Peggy Guggenheim, la collectionneuse », une vie d’art

par Véronique Giraud
Peggy Guggenheim. DR
Peggy Guggenheim. DR
Cinéma Documentaire Publié le 30/07/2017
Peggy Guggenheim s'est révélée une extraordinaire aventurière de l'art du XXe siècle. La riche héritière américaine s'est jouée du goût conventionnel avec panache et a contribué à sortir de l'ornière des œuvres jugées aujourd'hui révolutionnaires. On pourrait la croire sortie d'un roman mais, en découvrant des enregistrements d'interviews, Lisa Immordino Vreeland a eu l'idée d'en faire un film. "Peggy Guggenheim, la collectionneuse" est sorti en salles le 26 juillet.

Il est des femmes qui auront marqué l’art. Peggy Guggenheim est de celles-là. Non pas pour son talent d’artiste, mais pour son audace et son esprit libre qui lui a fait apprécier les avant-gardes et l’a fait reconnaître comme une des plus grandes mécènes des années 30. Et parce que sa raison d’être fut dominée par l’envie d’encourager des créateurs dont la plupart se détournaient. Cet appétit, des amants, des maris et des artistes, guida sa vie, lui donnant la saveur de l’aventure, elle qui aurait pu se contenter d’être la riche héritière d’une partie de la fortune des Guggenheim, elle dont l’oncle Solomon avait déjà pris l’initiative d’ouvrir un musée afin que le public accède à son immense collection d’art moderne. Elle se distingua très vite de ses goûts en ouvrant à Londres en 1938 une galerie sous le nom familial, présentant des artistes inconnus que Marcel Duchamp, devenu son ami et mentor, lui avait fait connaître. Jean Arp, Alexander Calder, Henri Moore, Kandinsky, Brancusi, Pevsner y sont exposés. À la déclaration de la seconde guerre mondiale, la riche Américaine n’hésita pas à financer des faux papiers et le voyage vers les Etats-Unis de ceux que le régime nazi menaçait. Elle-même vécut alors plusieurs années à New-York. Elle y ouvrit sa seconde galerie, exposant les exilés d’Europe et organisant le premier accrochage de Jackson Pollock, qu’elle fut la première à collectionner.

Peggy Guggenheim avait eu conscience que sa propre existence était hors du commun et décidé qu’elle pouvait intéresser les lecteurs. En témoigne sa passionnante autobiographie, publiée sous le titre français Ma vie, mes folies. De sa vie, de ses folies, l’Américaine a laissé en Europe une incomparable collection, installée à Venise dans le palais Venier dei leoni, la dernière résidence qu’elle acquit, devenue un musée portant son nom et où elle est enterrée.

Celle dont la vie évoque une époque ancienne et révolue, frivole autant que radicale dans la contestation artistique de l’ordre établi, inspire toujours la curiosité. L’excentricité de Peggy Guggenheim conserve aujourd’hui encore sa part de mystère et est capable d’en faire rêver plus d’un. C’est ce dont a été convaincue la réalisatrice américaine Lisa Immordino Vreeland en retrouvant par un heureux hasard des cassettes égarées d’interviews effectuées en 1978-1979 par sa biographe autorisée, sur lesquelles est enregistrée la voix de Peggy Guggenheim. C’est le son inédit de sa voix qui jalonne son film Peggy Guggenheim la collectionneuse, comme quelques-uns de ses moments filmés qui font resurgir sur grand écran, en noir et blanc, une femme peu jolie, s’exprimant dans un langage cru, direct, qu’on imagine très éloigné de la pruderie propre à son éducation et à sa classe sociale. Sa marginalité, très tôt ressentie, s’est assumée avec la liberté des artistes, l’art et la vie se sont alors confondus. C’est ce qu’éclaire le film, à travers les témoignages de ceux qui l’ont côtoyée.

 

Peggy Guggenheim la collectionneuse, réalisé par Lisa Immordino Vreeland. Sortie en salles le 26 juillet.

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