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Quotas radio : la diversité musicale devra être respectée

par Pierre Magnetto
La programmation musicale, un enjeu dans la course à l’audience.
La programmation musicale, un enjeu dans la course à l’audience.
Musique Chanson Publié le 23/06/2016
Toujours évoqué, jamais ou presque appliqué, le système des quotas imposant aux radios de diffuser un minimum de chansons francophones est renforcé par la loi création, architecture et patrimoine votée le 21 juin. Les artistes et éditeurs de musique applaudissent, les représentants des radios renâclent.

Les représentants du Groupement des Indés radios, un GIE composé de 129 radios locales, régionales ou thématiques, dont les poids lourds RTL, le groupe Lagardère et NRJ, devront se faire une raison. En adoptant la loi création, architecture et patrimoine le 21 juin, les députés ont du même coup validé un amendement de la ministre de la culture Audrey Azoulay concernant les quotas radio de chansons françaises. Depuis la loi Toubon de 1994, les stations ont l’obligation légale de diffuser dans leurs programmes un certain quota de chansons d’expression française selon trois modèles variant entre 40% et 60% de leur programmation. Or, la plupart d’entre elles ne respectent pas le règlement. C’est du moins ce que pointait en 2014 le rapport Exposition de la musique dans les médias de l’ancien directeur de l’Ina, Jean-Marc Bordès, rapport commandé en 2013 par Aurélie Filippetti, remis en 2014 à Fleur Pellerin et dont les recommandations sont aujourd’hui pour partie mises en musique par l’actuelle ministre de la culture.

 

Des quotas non respectés. « Certaines radios ne respectent pas les quotas (...) ; d’autres les respectent, mais en diffusant toujours les mêmes titres, ce qui n’est pas une façon correcte de respecter l’objectif fixé », a martelé Audrey Azoulay durant les débats parlementaires. La nouvelle loi se veut donc plus contraignante que la précédente. Non seulement les quotas devront être respectés, mais si plus de la moitié des diffusions de chansons francophones sont concentrées seulement sur dix titres, les diffusions supplémentaires ne seront pas prises en compte dans les quotas. En revanche, la nouvelle loi dispose d’une clause incitative. En effet, les radios pourront réduire leurs quotas de 5% si elles programment au minimum 45% de nouveautés et si un seul titre ne passe pas plus de 5 fois par jour. Quant aux contrevenants, ils restent comme précédemment soumis à des sanctions du CSA pouvant aller jusqu’à des amendes.

 

Des quotas impossibles à respecter ? Pour Jean-Eric Valli, le président des Indés radios qui dirige le groupe 1981 (précédemment Sud Radio) composé de sept radios indépendantes, dont Vibration, « trop c’est trop ». Le groupement demandait en effet au gouvernement de « ne pas aggraver les quotas avec les limitations de rotation », estimant « que cela se révélera impossible pour beaucoup de radios ». On comprend bien pourquoi quand on examine les formats de la plupart des radios concernées. Leur audience est principalement assise sur la diffusion de programmes musicaux largement inspirés du box-office, dans lequel figure moins de chansons francophones qu’anglophones, tandis que sur les ondes ce sont bien souvent les mêmes titres qui tournent en boucle.

Une protection contre une forme d’asphyxie culturelle. Le débat a donc été tranché conformément aux principales recommandations du rapport Bordès. Mais chez les professionnels de la musique tout le monde ne s’en plaint pas. « Plus que jamais, les radios ont besoin des artistes et les artistes ont besoin des radios », ont salué les représentants de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Mi-juin, plus de 1 800 artistes, et non des moindres (Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Véronique Sanson, Charles Aznavour, Benjamin Biolay, Miossec, Maxime Le Forestier, Juliette, Pierre Perret, Nolwenn Leroy, Oxmo Puccino, Alain Souchon...) avaient adressé une pétition aux parlementaires, estimant que les quotas constituent « une protection contre une forme d’asphyxie culturelle ».

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