espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > Rachid Ouramdane élève la danse avec « Corps extrêmes »

Rachid Ouramdane élève la danse avec « Corps extrêmes »

par Véronique Giraud
Corps extrêmes, Rachid Ouramdane_photo de répétition ©-Pascale Cholette
Corps extrêmes, Rachid Ouramdane_photo de répétition ©-Pascale Cholette
Arts vivants Danse Publié le 24/06/2021
Il est des êtres qui exercent leur corps à dominer les extrêmes, le vide, l'apesanteur, l'équilibre. Le chorégraphe Rachid Ouramdane en a réuni onze sur scène pour témoigner de la finesse nécessaire à leurs gestes et de la part d'humanité qui se cache derrière leur quête insatiable. Les corps s'élancent, se lancent en une danse vertigineuse.

Avec Corps extrêmes, la chorégraphie s’émancipe de l’écriture des pas sur un sol pour dessiner des mouvements dans le volume, en apesanteur. Le rapport espace-temps s’en trouve modifié, entre l’élégante navigation de Nathan Paulin dans le vide, la course légère des mains et des pieds de Nina Capres sur le mur d’escalade, et la vélocité des acrobates dont les corps sautant sont propulsés, réceptionnés. Ces « corps extrêmes », ceux de onze personnalités, sportifs de haut niveau et artistes, que Rachid Ouramdane a réunis, questionnent l’apesanteur dans une chorégraphie qui les enchevêtre, ouvrant une voie nouvelle, saisissante, à la danse contemporaine.

Si l’on en juge par les salves d’applaudissement du public ce soir du 24 juin dans les gradins du théâtre de l’Agora, l’audace a conquis. Il faut dire que les onze athlètes sont au sommet de leur art, même si pour chacun rien ne s’arrête jamais, comme on l’entend dans les témoignages, ni la peur ni la magie d’un moment. La tentation de nouvelles sensations est toujours plus forte.

C'est la fascination qu'exercent ces performances, mais aussi « Ce qu’il y a derrière le geste, ce que nous racontent les mouvements, les pratiques physiques de ces sportifs ou artistes » dont le chorégraphe dit avoir voulu témoigner. Pour témoigner de « l’extrême finesse nécessaire à la maîtrise de ces mouvements inhabituels ».

Marcher en équilibre sur un fil à 4 000 mètres du sol, conjuguer sa posture avec le vent, s’allonger, s’asseoir, sauter sur ce même fil, Na. Grimper le long de falaises abruptes en sortant de la zone de confort que sont les accroches pour découvrir avec ses doigts de nouvelles anfractuosités de la roche et s’en saisir pour avancer vers l’inconnu. La recherche, pour l’acrobate, d’un élan toujours plus grand pour plonger dans les bras ou les mains de l’autre ou être propulsé plus loin et plus haut depuis ces mêmes bras, ces mêmes mains. Ces recherches extrêmes donnent le frisson, et les images filmées des protagonistes ajoutent la perspective grandiose dans lesquelles chacun s’exerce, un gigantisme qui rend minuscule le plateau du théâtre. Dans leur pratique, ces personnalités se révèlent dans la solitude, composent avec leur seul corps face au vide, ils se prêtent ici à éprouver leurs sensations avec l’autre, un inconnu. La danse des mains qui se tendent de l’un à l’autre, le rythme de leurs envolées et les tracés de leurs courses lient alors ces êtres uniques et singuliers. Vertigineux !

 

Corps extrêmes, Rachid Ouramdane. Avec Nathan Paulin, highliner, Nina Caprez, championne d’escalade, et les acrobates David Aubé, Hamza Benlabied, Airelle Caen, Yamil Falvella, Löric Fouchereau, Peter Freeman, Belar San Vicente, Seppe Van Looveren. Vidéo : Jean-Camille Goimard. Création dans le cadre de Montpellier Danse 2021, les 23 et 24 juin à 22 heures au Théâtre de l’Agora.

Partager sur
Fermer