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Mot de passe oublié ?Arles. Ce seul nom suffit à évoquer Les Rencontres de la photographie depuis que le photographe arlésien Lucien Clergue, l’écrivain Michel Tournier et l’historien Maurice Rouquette ont fondé le festival. C’était en 1970. Depuis, la manifestation n’a cessé de prendre de l’ampleur, s’imposant comme internationale et lieu de diffusion de productions inédites. Entre temps, la calme cité provençale a bien changé. Depuis que Maïa Hoffamn a annoncé qu’elle y implanterait sa Fondation Luma pour promouvoir l’art photographique et que l’école nationale supérieure de photographie d’Arles s’en est rapprochée, l’ancienne friche SNCF où se déroulait une partie des expositions des Rencontres s’est restructurée en un pôle image du XXIe. Enfin il y a deux ans, Sam Stourzé a quitté Lausanne pour remplacer Jean-François Heibel à la direction artistique de la manifestation. Un vent nouveau a soufflé sur les Rencontres.
Raconteurs d’histoires. La semaine d’ouverture, toujours dense, donne le ton. Elle a lieu cette année du 4 au 10 juillet. Dominée par la dimension narrative de la photographie, elle est illustrée, entre autres, par Laila Abril et sa Chronique de la misogynie, Joäo Pina avec sa longue enquête sur l’opération Condor et la disparition de 60 000 opposants politiques dans 6 dictatures sud-américaines, ou encore Yvan Morvan et son imposante Encyclopédie des champs de bataille qui occupe le cœur de l'exposition Après la guerre. « Les photographes sont des raconteurs d’histoires », souligne Sam Stourzé.
Les jeunes talents. Cette 47ème édition fait la part belle aux jeunes talents que le festival accompagne et à qui il dédie plusieurs expositions. Depuis plus d’une décennie, le Prix Découverte est décerné à dix artistes sélectionnés par un jury de personnalités du monde de l’art. Une exposition leur est consacrée et l’un d’entre eux se voit attribuer 25 000 euros, une somme destinée à encourager le lauréat à poursuivre son travail.
En 2016, une résidence de création a été initiée. La photographe Stéphanie Solinas est la première à en avoir bénéficié. Quant au Luma Rencontres Dummy Book Award, il sera décerné pour la seconde année. Ce prix récompense le projet le plus pertinent d’un livre à l’état de maquette en en finançant la publication. Le lauréat 2015 Yan Gross présentera ainsi au public du festival son Jungle book, un projet qui fera aussi l’objet d’une installation intitulée Jungle Show.
Reflet de la collaboration entre le festival et l’école nationale supérieure de la photographie (ENSP) à Arles, l’initiative Emergences donne une belle visibilité aux travaux des élèves. Réunis sous le joli titre Une attention particulière, trois étudiants, Guillaume Delleuse, Clémentine Roche et Vincent Marcq, ont été sélectionnés pour une première exposition au Magasin électrique. Toujours à Emergences, un dialogue entre générations est proposé par Olympus, partenaire depuis quatre ans de l’ENSP. Chaque année, il s’agit de créer une chambre d’écho entre l’œuvre d’un grand nom de la photographie et le projet d’un étudiant. Trois binômes ont été formés cette année pour un échange de vues très productif : Olivier Culman, Corinne Mercadier et Klavdij Sluban se sont prêtés à l’exercice.
La photographie, tout un art. Qu’il s’agisse de la détourner, la manipuler, la collecter, certains artistes voient en la photographie le médium idéal. Pour Agnès Geoffray, elle est l’objet de toutes les attentions avec son déferlement incessant dans la sphère professionnelle et amateur. Avec une historienne de la photographie, elle a ausculté cette pratique. Cela donne l’exposition intitulée Il y a de l’autre.
Certains clichés n’ont d’autre qualité qu’utilitaire, ces images pauvres, sans auteur, suscitent l’intérêt grandissant des collectionneurs, des artistes, des historiens. L’exposition Mauvais genre du réalisateur Sébastien Lifshitz, qui a accumulé pendant trente ans les images de travestis, est exemplaire à ce titre. Tout comme les archives bêtes et méchantes du journal Hara Kiri ou encore les images qui documentent le film D’où viens-tu Johnny ?, un western camarguais qui met en selle le chanteur Johnny Hallyday.
Et l’Afrique ? Cette édition offre un focus inhabituel sur l’Afrique. Alors qu’à Paris les murs du Grand Palais sont couverts jusqu’au 11 juillet des magnifiques portraits noir et blanc du malien Seïdou Keita, le festival arlésien accueille une Afrique pop, décalée, pleine d’humour. Aida Muluneh, directrice artistique du Addis Foto Fest – le festival photo d’Addis Abeba – a rejoint cette année le jury du prix Découverte et défend le travail de Sarah Waiswa et de Nader Adem. Pour Azu Nwagbogu, directeur du festival LagosPhoto, ce sont les influences des studios de cinéma de Nollywood perçues à travers les oeuvres d’une dizaine d’artistes africains. Trandis que cultures africaines et européennes se télescopent dans les photomontages de Maud Sulter. Enfin, Richard Minier, Thomas Mondo et Madé Taounza nous racontent l’histoire fantastique des Maravillas. Le groupe de musique malien devient un formidable prétexte pour revivre l’ambiance Swinging Bamako des années 1960, immortalisée par le grand Malick Sidibé.
Les Rencontres d'Arles - Semaine d'ouverture : du 4 au 10 Juillet - Expositions : du 4 juillet au 25 septembre - www.rencontres-arles.com