espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Entretien > Street Art : « Le succès d’un artiste se mesure à l’impact qu’il a sur ses contemporains »

Street Art : « Le succès d’un artiste se mesure à l’impact qu’il a sur ses contemporains »

par Julie Delem
La galerie Magda Danysz, rue Amelot à Paris s'intéresse aux artistes émergents des arts visuels, arts numériques ou arts urbains ©Céline Barrere
La galerie Magda Danysz, rue Amelot à Paris s'intéresse aux artistes émergents des arts visuels, arts numériques ou arts urbains ©Céline Barrere
Arts visuels Arts plastiques Publié le 15/04/2015
Chercheuse de pépites, Madga Danyz, directrice de la galerie éponyme, est convaincue que l'art urbain garde sa force créatrice, malgré son arrivée sur le marché de l'art et ses reprises marketing.

Le street art est-il toujours du street art lorsqu'il est exposé dans une galerie ou imprimé sur des toiles? Pourquoi?

A l’encontre de l’idée reçue, les artistes évoluant dans l’art urbain, depuis les débuts du graffiti jusqu’au street art aujourd’hui, ont pour la plupart, aussi une pratique d’œuvres réalisées en atelier et pour les galeries ou musées. Pour un artiste savoir s’exprimer de différentes façons, sur différents supports et formats est d’ailleurs souvent un gage de qualité. Le dessin, les sketchs, les projets plus détaillés font partie intégrante de la démarche de ces artistes. Ainsi la plupart, comme nombre d'artiste quel que soit leur mouvement, ont aussi envie de s'exprimer à travers une variété de techniques.

 

Quelle est la place du street art sur le marché de l'art?

Aujourd’hui, le marché propose des prix en moyenne de quelques milliers d’euros pour des œuvres souvent de grande taille. A mon sens il est encore important encore que ce marché se consolide sur la durée avant de pouvoir tirer des conclusions. Le succès d’un artiste est un phénomène dont la valeur monétaire n’est qu’une manifestation. Bien avant de parler de marché, le succès se mesure à l’impact qu’a un artiste sur ses contemporains et de la façon dont il exprime ce qui se passe autour de lui.

 

Quelle est, pour vous, la définition historique du street-art?

De façon personnelle je dis souvent que le street art, ou quelque soit le terme que l’on veut mettre sur le mouvement tout le monde n’étant pas encore d’accord sur la sémantique, est le mouvement artistique le plus important du tournant du 21ème siècle. C’est un mouvement impressionnant, mondial et d’une richesse inédite incluant des pratiques qui vont du graffiti (style writing), au pochoir en passant par le poster, la mosaïque.

 

Peut-on parler de dérive lorsque les codes (graphisme, messages contestataires) de l'art urbain sont repris par la publicité ou deviennent un business ? 

Tout est question d’équilibre : le marketing doit-il être au service de l’art ou vice versa. De tout temps certains artistes ont géré leur carrière avec des stratégies que l’on pourrait rapprocher à celle d’entreprises. Des dérives ont existé, à partir du moment où il existe des œuvres de commande. De Rembrandt à Murakami en passant par Warhol, les artistes ont produit des œuvres de commande. Ils sont les seuls gardiens de la qualité des œuvres, tombant ou non dans la compromission. A ce titre certains artistes vont refuser les commandes ou s’ils les acceptent imposer leur vision sans concessions.

 

Selon vous, comment expliquer la grande affection qu'a le grand public pour ce genre?

J’ai fait ma première exposition en septembre 1992. C’est le cadeau que je me suis fait pour mes 18 ans ! Depuis le regard sur l’art urbain a évolué mais paradoxalement, ce n’est pas au niveau du public que l’évolution est la plus significative. Les visiteurs, on en a toujours eu. Le problème, c’était plutôt la profession. De ce côté-là, les artistes et moi avons pris beaucoup de claques. On me disait : « tu ne fais pas de l’art ! » Ce regard très condescendant des marchands sur le Street art n’a changé que très récemment – et malheureusement pour de mauvaises raisons, qui sont liées aux ventes aux enchères et au marché. A partir du moment où ça atteint un certain prix, le jugement change !Parmi les cyniques de la profession, qui ne voulaient pas se pencher sur le sujet, ce sont les ventes aux enchères qui ont marqué le tournant. Un jour, une journaliste d’art importante m’a dit : « mais pourquoi tu parles de mouvement ? » Il y a eu et il y a encore un scepticisme très important, mais c’est ce qui se passe chaque fois qu’apparaît un nouveau mouvement artistique.

 

Quelle est la dynamique du street art en France et en Europe? Suivez-vous le travail de certains artistes en particulier?

Suivre ce mouvement, grâce à la programmation d’expositions depuis 20 ans, est passionnant pour en voir les évolutions et le constant renouvellement. Par sa programmation, la galerie essaie de présenter des artistes du street art très variés afin de témoigner de la richesse du mouvement. Ainsi, la galerie a présenté ces dernières années des expositions avec Seen, Quik, Crash, Futura, West, JonOne, Miss Van, Psy, David Ellis, Blek le Rat, Shepard Fairey, Space Invader, Zevs, JR, VHILS, Sten Lex et bien d’autres encore. La nouvelle génération de street artistes est particulièrement intéressante dans sa manière de renouveler – tout en restant fidèle – un mode d’expression né avec le graffiti.  Il est incroyable de voir qu’aujourd’hui, de nouveaux entrants, à peine âgés de 20 ans tels que JR, STEN LEX, VHILS, révolutionnent encore ce mouvement en apportant des nouvelles idées et de nouvelles techniques.

Partager sur
Fermer