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Mot de passe oublié ?The 1957 Transcripts dévoile le massacre de 49 paysans, hommes, femmes et enfants palestiniens, habitants de Kafr Qasim en Israël. Le 29 octobre, l’armée israélienne a eu pour mission d’avancer le couvre-feu d’une heure. Cependant, dans ce village, les paysans travaillant dans les champs n’ont pas été prévenus du changement, un choix délibéré des soldats, à qui l’ordre avait été donné d’exécuter quiconque ne respecterait pas le couvre-feu. Ce bain de sang étant illégal, les soldats ont été jugés par la suite pour leurs crimes. Cependant, la punition fut moindre et le procès rendu public bien plus tard. C’est entre autres ce que cherche à dénoncer Ayelet Heller dans son film.
La réalisatrice était à Marseille à l'occasion de la projection de son film au PriMed. Bien que la séance soit gratuite, la salle n’était pas tout à fait comble. Ce problème, Ayelet Heller le rencontre souvent car le film est boycotté à la fois par ceux qui soutiennent la Palestine et ne veulent pas voir un film israélien et par ceux qui soutiennent Israël et ne veulent pas voir un film qui met en avant les abus de pouvoir et les meurtres commis depuis le début du conflit.
Un film controversé. La projection de The 1957 Transcripts est en conséquence très rare. Il est très difficile en effet pour les Israéliens d’accepter certaines réalités, aussi le film n’a pas eu beaucoup de succès. Il a été projeté seulement 10 fois en Israël lors de festivals privés, « après ça, je me suis rendue compte que j’avais atteint l’étendue de mon public » regrette Ayelet Heller. « C’est la deuxième fois que je fais un film que personne ne veut voir » plaisante la réalisatrice en faisant référence à Strawberry Fields. « C’était il y a 20 ans, et c’est là que j’ai compris que les Israéliens se fichent de la souffrance des Palestiniens. » De leur côté, les Palestiniens et ceux qui les soutiennent ne se renseignent pas sur les films réalisés et/ou produits par des Israéliens. Lors de l’échange avec le public pour la projection de The 1957 Transcripts au PriMed, Ayelet Heller a déclaré : « selon moi, en tant que juive israélienne, je ne devrais pas faire des films du point de vue des Palestiniens. »
Un massacre méconnu. Les atrocités commises par l’armée israélienne sont de plus en plus couramment dévoilées au grand public, malgré les efforts de l’État pour les taire. En effet, entre la censure en Israël pour justifier les actions contre les Palestiniens et les moyens de communications souvent coupés en Palestine, il est difficile de savoir exactement ce qu’il s’y passe. The 1957 Transcripts montre comment Israël a conditionné ses soldats à ne plus voir les Arabes que comme un ennemi à abattre. Le documentaire montre à la fois des témoignages de survivants du massacre de Kafr Qasim, des analyses d’historiens et autres spécialistes, et une lecture de la retranscription du procès. Cette dernière a été rendue possible en accédant aux archives, mais personne ne s'était renseigné. C’est pourquoi Ayelet Heller s’est saisie du sujet.
Un projet mis en péril. Ayelet Heller a expliqué que The 1957 Transcripts fut achevé trois semaines avant le drame du 7 octobre 2023. La réalisatrice avait un rendez-vous pour sa diffusion le 12 octobre, mais aux vues des événements, le rendez-vous fut annulé. Le documentaire, originellement intitulé « Massacre », a dû être renommé « Le drapeau noir » en hébreu (Black Flag étant déjà le nom d’une série à succès en anglais, le titre a été traduit autrement). Il a fallu attendre que les événements du 7 octobre « se calment un peu » pour recommencer à discuter de la sortie du film. Un festival israélien devait le projeter, mais la date a été décalée car les organisateurs pensaient que le public n’était pas encore prêt. La réalisatrice s’est cependant battue, et le film a fini par être montré. Elle dit être ravie de l’avoir fait à ce moment-là, car la situation ne fait que s’aggraver. Avant le 7 octobre, sortir son film était utile pour les jeunes qui envisageaient de se joindre à l’armée israélienne, mais il est aujourd’hui important pour le monde entier. Ayelet Heller a expliqué que l’armée génère la haine, et que les soldats qui arrivent à Gaza sont déjà endoctrinés. « On ne peut pas oublier ce qui s’est passé le 7 octobre, mais la haine vient des deux camps » estime la réalisatrice.