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Tiago Rodrigues signe Avignon 2023

par Élisabeth Pan
Tiago Rodrigues signe sa première édition en tant que directeur du festival d’Avignon devant l’affiche de la 77e édition. © Raynaud de Lage
Tiago Rodrigues signe sa première édition en tant que directeur du festival d’Avignon devant l’affiche de la 77e édition. © Raynaud de Lage
Publié le 16/06/2023
C’est la première édition du festival d’Avignon sous la direction de Tiago Rodrigues. Du 5 au 25 juillet, et jusqu’au 29 juillet pour le festival Off, une fête citoyenne et artistique avec la réouverture de la Carrière Boulbon.

Le 76e Festival d’Avignon s’était terminé sur des larmes. Celles d’Olivier Py passant le relai à Tiago Rodrigues lors d’une émouvante manifestation où le dramaturge français, qui dirigea pendant neuf ans le festival avec brio, lut une lettre écrite à son successeur. Il s’agissait moins de donner des conseils à l’ancien directeur du théâtre national Dona Maria II de Lisbonne que de rappeler la difficulté de ce poste que tant de grands artistes, comme Béjart ou Ariane Mnouchkine, ont préféré refuser. Olivier Py a révélé les problèmes et injustices qui accompagnent une telle responsabilité : « Quand tu seras humilié par les marquis, il y aura toujours une femme de ménage pour te dire qu’il faut te reposer et prendre soin de toi. Une femme de ménage, ou un détenu, ou un adolescent, ou une spectatrice pressée. » Et de dire la nécessité de reprendre alors le travail pour désarmer « les malveillances » et inventer « l’impossible ».

Pour Olivier Py, « le Festival n’était pas un moment de ma vie, c’était ma vie ».

C’est désormais celle de l’auteur, metteur en scène et comédien portugais qui avait déjà eu le privilège d’ouvrir l’édition 2021 du festival dans la Cour d’honneur avec La Cerisaie d’Anton Tchekhov jouée par Isabelle Huppert.

 

« Avignon réunira ». Cette année, c’est Julie Deliquet qui lancera la 77e édition. La metteuse en scène française a choisi d’adapter pour la Cour d’honneur Welfare, un documentaire du cinéaste américain Frederick Wiseman sur une journée dans la vie des sans-abri, des apatrides, des mères célibataires et de tous les démunis qui se succèdent au guichet d’un centre d’aide social. L’argument donne déjà une idée de la programmation concoctée par Tiago Rodrigues, qui place le festival sous cette affirmation de son créateur Jean Vilar, lorsque, confronté aux difficultés de lancer un tel événement, il s’exclama : « Avignon réunira et Avignon donc existera ».

Réunir : l’ambition du fondateur est revendiquée par Tiago Rodrigues. Réunir les différents publics, les différentes cultures et les différences en un même lieu, pendant vingt jours.

 

De Keersmaeker, Gosselin, Monnier. Toute de découvertes, cette édition fera également place aux grands noms de la création. Très attendu, la pièce que Krystian Lupa devait présenter d’après le roman de l’écrivain allemand W.G. Sebald, Les Émigrants (1999), ne le sera pas en raison d’une mésentente entre le metteur en scène polonais et l’équipe de la Comédie de Genève où le spectacle devait être créé. C’est le premier coup dur pour Tiago Rodrigues. En remplacement, neuf représentations du spectacle Dans la mesure de l’impossible, que le metteur en scène a créé en 2022 à la Comédie de Genève qui l'a produit, sont programmées aux mêmes dates et au même lieu.

D’autre habituées d’Avignon seront bien présentes. Anna Teresa De Keersmaeker présentera à la Fabrika sa dernière création tournée vers l’expression chantée et les walking songs et intitulée simplement Création 2023. La chorégraphe belge reprendra également sa pièce En attendant, inspirée des polyphonies apparues lors de la peste noire du XIVe siècle. Et Mathilde Monnier revient à Avignon avec Black Lights qui sera créé en juin à Montpellier Danse.

Après son adaptation des romans de Michel Houellebecq (2013), Roberto Bolano (2016), puis son spectacle fleuve inspiré de Don DeLillo au festival 2018, Julien Gosselin s’attaque aux romanciers autrichiens Arthur Schnitzler et Thomas Bernhard, témoins des guerres mondiales. Plus courte que les deux précédentes, Extinction dure cependant cinq heures, mais le travail de Gosselin est si remarquable que peu de spectateurs quittent la salle aux entractes. Cette pièce aura été créée quelques semaines avant au Printemps des Comédiens de Montpellier.

 

Roméo et Antigone. Le chorégraphe américain Trajal Harrell, directeur de la Schauspielhaus de Zürich, a choisi The Romeo pour monter sur les tréteaux de la Cour d’honneur dont le deuxième spectacle est toujours consacré à la danse. C’est d’ailleurs celle-ci qui sera interrogée à travers l’archétype de l’amoureux. Gwenaël Morin, dans Le Songe, mêlera le vers shakespearien à l’aveuglement amoureux de quatre personnages de l’Athènes antique, presque tous les soirs du festival à la Maison Jean Vilar.

Mythe antique encore, mais mêlé aux peuples indigènes pour Antigone in the Amazon de Milo Rau. Le futur directeur du NTGent invoque la mythique Thèbes au cœur des problématiques de la forêt amazonienne.

 

Une fête citoyenne et polyglotte. Le désormais traditionnel spectacle itinérant, L’addition, a été confié au Britannique Tim Etchells, et la Canadienne Émilie Monnet s’intéressera à Marguerite Duplessis. Parmi les auteurs et auteures de langue anglaise, citons encore Alexander Zeldin, Tim Crouch, Alistair McDowall ou le groupe Elevator Repair Service.

Côté français, Pauline Bayle, avec Écrire sa vie d’après Virginia Woolf, et Rebecca Chaillon, qui reprend Carte noire nommée désir. Philippe Quesne, avec Le Jardin des délices inspiré de Jérôme Bosch, sera le premier à investir la Carrière de Boulbon après sa restauration.

Enfin, Tiago Rodrigues clôturera le festival dans la Cour d’honneur en reprenant pour une seule représentation sa pièce By Heart, jouée par dix spectateurs choisis au hasard qui apprendront par cœur un texte en mémoire de sa grand-mère.

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