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Mot de passe oublié ?Les salles du MoCo, lieu initialement dédié aux collections et aujourd’hui lieu d’expositions d’artistes contemporains, sont emplies jusqu’au 2 novembre des œuvres de Françoise Petrovitch. Ses portraits d’adolescents, aux couleurs chatoyantes ou acidulées, font aujourd’hui partie des collections des musées et autres fondations d’art. Ce succès n’a pas toujours été de mise pour cette autodidacte qui présente, pour la première fois au public, ses tout premiers travaux qu’aucune galerie n’accepta de défendre. Visibles dans la deuxième salle du parcours, ces collages permettent de saisir les tréfonds d’un processus esthétique. Associant sur toiles de lin vierge des petits porte-serviettes et des serviettes, en vogue dans les années 70, sur lesquels on brodait des fleurs, des messages d’affection ou le prénom de l’enfant à qui on les destinait, à un dessin reproduisant avec une grande maîtrise l’esthétique de l’époque, petites filles sages aux chaussettes blanches, gentilles mamans chaussées des escarpins de la ménagère moderne, enfants sautant, jouant. Collées également des étiquettes réclames pour des résilles collées au bas de toiles surmontées de cheveux peints recouverts d’une résille. Un rapport revendiqué au réel qui ne la quittera pas. Mais, après les puissants portraits d’adolescentes de la série Cinémascope (2020 – 2024) qui introduit le parcours, trente ans ont passé et le contraste est saisissant.
Cahiers d'écoliers et vieux papiers. Ce que Françoise Petrovitch montre pour la première fois sur les cimaises du MoCo laisse perplexe tout en permettant de mieux saisir le cheminement de celle qui, à six ans, déclarait qu’elle voulait devenir dessinatrice. Créant dans son atelier en parallèle à son métier d’enseignante, qu’elle a pratiqué à l’école Estienne depuis sa sortie de l’ENS en 1988 jusqu’en 2021, elle débute sur des supports, tels des cahiers d’écoliers ou des vieux papiers, associant représentations de l’enfance avec des textes dans un jeu où pointe l’ironie. Remarquée au début des années 90, elle fait son entrée dans le monde des galeries et sa première exposition personnelle est organisée en 1995 par Bernard Utudjian, propriétaire de la galerie Polaris. C’est à ce moment aussi qu’est publié son premier livre, Entrainement à l’écriture, qu’elle conçoit avec son conjoint, collaborateur de toujours.
Peuplé de petites filles et d’adolescentes, son univers de peintre se déploie sur toile et sur papier. Sur mur également avec de grandes réalisations au trait, dont on voit un exemple en sous-sol avec La fille-papillon, dessin réalisé in situ sur deux pans de murs du MoCo. Les animaux, qui lui sont familiers depuis les étés de son enfance passés près de Chambéry dans la ferme de ses grands-parents, font également partie de son panthéon. En masques portés par des enfant, en motifs peints, en céramique, en sculpture, en estampe, les animaux occupent une grande place. Au point que le musée de la chasse et de la nature lui offre une carte blanche en 2011. En grès émaillé, en verre, en tableaux, Françoise Petrovitch répond à l’invitation en explorant de nouveaux médiums. Pour l’estampe, qu’elle apprécie particulièrement, elle s’associe à de nombreux ateliers, parmi lesquels celui du graveur en taille douce René Tazé (notre reportage) auprès de qui elle s’initie à la taille douce. Et à la lithographie chez Idem.
La beauté de son dessin, l’association d’aplats de couleurs, la rendent reconnaissable parmi toutes. Son œuvre imprimé témoigne également d’une grande maîtrise. La simplicité de son trait et de ses compositions rend sa production directement accessible, sensible. L’enfance, l’adolescence, thèmes récurrents, occupent la majeure partie de l’exposition, Sur un os. Le titre lui-même évoque l’une des sculptures présentées en sous-sol, celle d’une petite fille en équilibre sur un fémur d’ogre.