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Un territoire engage son avenir « à la croisée des chemins »

par Véronique Giraud
Dans la forêt de Beaugé, les enfants jouent leur avenir, dirigés par l'équipe des quatre atistes choisis par La Paperie © Eric Aubry
Dans la forêt de Beaugé, les enfants jouent leur avenir, dirigés par l'équipe des quatre atistes choisis par La Paperie © Eric Aubry
Quelle sera la vie dans cinquante ans ? C'est la question posée par le film
Quelle sera la vie dans cinquante ans ? C'est la question posée par le film "À la croisée des chemins". © Grégoire Blot
Hors-Champs Société Publié le 20/06/2019
"2069. La croisée des chemins" a été réalisé à six mains, celles d'artistes, celles d'enfants, et celles du centre national des arts de la rue La Paperie. Le film, dans lequel des enfants inventent leur avenir et celui de leur environnement, montre mieux qu'un discours l'urgence de transformer nos systèmes.

« À quoi ressemblera votre territoire dans cinquante ans ? » La question, d’actualité, a été posée en janvier dernier à une centaine de scolaires de Baugeois-Vallée par quatre artistes travaillant de concert avec cette communauté de communes du Maine-et-Loire. Leurs réponses, nombreuses, variées, surprenantes, ont convaincu les artistes que la meilleure façon d'être fidèle à leurs idées était de réaliser un film. Six mois plus tard, le film 2019. À la croisée des Chemins est achevé et, dans la salle Saint-Martin de Noyant, un village situé près d’Angers, les enfants qui assistent à sa projection ne sont pas peu fiers d’y avoir contribué.

 

La croisée des Chemins. Le titre résume assez bien l’objet de La Paperie, l’un des 14 centres nationaux des arts de la rue (CNAREP) labellisés en 2010. Son directeur Éric Aubry est, avec son équipe, à l’origine du projet destiné à transmettre, au nom de la communauté de communes du Baugeois-Vallée, l’urgence et l’intérêt d’engager ce territoire rural dans un Plan climat air énergie territorial (PCAET), autre label administratif qui engage les collectivités locales pour optimiser les objectifs de l’accord de Paris sur les réductions de gaz à effets de serre.

 

Créer dans un territoire rural. Par-delà l’adhésion à un programme national, cette croisée des chemins, entre artistes, centre des arts de la rue et collectivités, résume parfaitement le travail pionnier que La Paperie mène depuis ses débuts, tout comme la conception de la création artistique de son directeur, qui « casse le paradigme de l’objet culturel » et fuit les voies « de la communication électoraliste et celle de l’art et la culture qui ne s’adresse qu’à 15% de la population », pour aller vers « ce que l’art et la culture peut faire pour nous dans la société de demain, cette voie n’est prise par aucune institution. » Loin du divertissement et de l’objet culturel, La Paperie construit des réponses, deux projets par an, à la question : qu’est-ce que la culture fait pour le territoire ? C’est sans doute moins sexy, et ça demande beaucoup de temps. Pour concevoir et réaliser le projet de 2069. La croisée des Chemins, il aura fallu plus de six mois. Six mois de réunions hebdomadaires dans le territoire pour les quatre artistes, six mois de mobilisation des moyens financiers et matériels pour rendre possible la réalisation d’un film de 40 mn.

 

Un demi-siècle après. Les artistes choisis, l'architecte Bénédicte Mallier, le scénographe Guénolé Jézéquel, le graphiste et illustrateur Anatole Donarier, le comédien et metteur en scène Simon Gauchet, ont les mêmes préoccupations et convictions que la Paperie. L’écoute de l’autre, la compréhension des enjeux, le besoin d'aller voir ailleurs. Et, dans l’art, l’utopie n’est jamais loin. Pour 2069. La Croisée des chemins, leur matière première fut l’imagination des enfants. Des enfants de 10 ans nés et éduqués en milieu rural, au milieu de magnifiques forêts, de champs de culture, et au bord d’un fleuve turbulent. Bien éloignés des lycéens et étudiants des grandes villes d’Europe qui, chaque vendredi, manifestent dans les rues pour sensibiliser leurs gouvernements à agir pour le climat.

Les premières images du film, les paysages d’aujourd’hui dans le Baugeois-Vallée, sont saisissantes de beauté. S’ensuivent quatre scénarios imaginés avec les enfants qui montrent à quoi ces paysages ressembleront dans cinquante ans, et à quoi eux-mêmes ressembleront à l’âge de 60 ans. Pendant 40 mn, on assiste à la belle aventure de la vie, avec des acteurs d’une grande vitalité, dans d'ingénieux décors faits maison. Dans la cour de leurs écoles primaires de Baugé, la Ménitré, Auverse et des Maisons familiales rurales de Noyant et Gée, positionnés devant l’écran animé de leurs paysages, ils expriment, seuls ou en groupe, leur futur mode de vie, leurs inventions. Les intermèdes, dessinés par Anatole Donarier, permettent de synthétiser la vue d’un territoire, le rassemblement sous une bulle protectrice d’une atmosphère apocalyptique, entre inondations et pollution des sols. Il y est question de cultures sous serres, de nouvelles sources d’énergie, de monnaie de bois…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2069. La croisée des chemins. Équipe artistique : Bénédicte Mallier , architecte D.E (Cabinet d'Emile R.) / Guénolé Jézéquel , scénographe / Anatole Donarier , graphiste /  Simon Gauchet - metteur en scène. Projet initié par la Communauté de communes Baugeois-Vallée (CCBV), dans le cadre de l'élaboration du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET).

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