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Warmup ouvre le regard du public sur la création en cours

par Véronique Giraud
Thurayya © Gabriel Hanna
Thurayya © Gabriel Hanna
Macbeth de la compagnie, incarné par Gildas Raffanel © Dan Ramaen
Macbeth de la compagnie, incarné par Gildas Raffanel © Dan Ramaen
La Salle d'attente de la Compagnie La Station Magnétique. DR
La Salle d'attente de la Compagnie La Station Magnétique. DR
Arts vivants Théâtre Publié le 25/09/2022
Assister à une étape de création d'une compagnie, c'est le privilège que propose Warmup les 23 et 24 septembre. Une déambulation théâtrale dans Montpellier pour goûter l'art vivant en train de se faire. Un régal !

Devenir complices de la puissance d'inspiration que Macbeth exerce sur le processus créatif d’un metteur en scène, être les premiers spectateurs d’un insolite théâtre d’objets, ou les premiers auditeurs d’un roman en passe de devenir une pièce de théâtre, c’est le kaléïdoscope de Warmup, la sortie d’automne du Printemps des Comédiens de Montpellier. Rien n’est figé dans les huit rendez-vous, il s’agit d’une étape dans le travail de jeunes créateurs que l'équipe de Warmup a jugé suffisamment abouti pour être partagé par un public restreint mais particulièrement attentif. Ce rapport au spectateur et à l’auditeur, les échanges qui suivent les représentations, activeront sans doute l’impression qu’il faudra raccourcir ici, appuyer là…

Parmi elles, La Salle d’attente n'en est plus à l'étape de création. Il reste seulement quelques semaines pour les derniers ajustements de ce spectacle de la compagnie La Station Magnétique de Sarah Grandjean et Yragaël Gervais, programmé en en novembre au festival Marionnetissimo de Tournefeuille (Haute-Garonne). Sous un dôme géodésique installé dans la cour du théâtre Jean Vilar pour Warmup, une salle d’attente avec sa caméra, sa grande horloge, son écran d’appels des numéros de tickets, ses chaises, sa fontaine d’eau, son distributeur de boissons et de friandises, ses magazines, sa sortie de secours. L’attente est silencieuse, puis le temps s’emballe, faisant tourner à toute vitesse les aiguilles de l’horloge, les numéros appelés, les gobelets de la fontaine d’eau. Un personnage sorti d’un conduit d’aération va alors perdre le public dans des divagations temporelles avant d'activer un écran dissimulé dans une table basse et, autour, construire un monde avec des barres de céréales… Puis tout s'arrête. Un moment de frustration pour les spectateurs de Warmup, curieux du dénouement d’un spectacle qui joue avec le réel jusqu'aux confins de la science-fiction.

Pour David Gauchard, tous les sens doivent être activés au théâtre. L'œuvre de Shakespeare s'est imposée. Après Richard III, Hamlet et Le songe d’une nuit d’été, c’est sur Macbeth que le metteur en scène de la compagnie L’unijambiste jette aujourd'hui son dévolu. Le public de Warmup en aura un avant-goût d'une demi-heure, qui fait entendre la richesse des mots et la contemporanéité du plus fameux dramaturge anglais, à la fois par la diction de ses comédiens, le chant mélodieux d’une comédienne, et par le rythme scandé par un rappeur. Le parfum et les monts de Cornouailles sont rendus par les paysages filmés de l’ile d’Ouessan où comédien, preneur de sons, joueur de cornemuse alimentent la dramaturgie de Macbeth. Issue d'une résidence de Warmup 7, la démonstration proposée dans la salle du théâtre Jean Vilar restitue sa puissance évocatrice en alternant lectures et « rêve filmique ».

Rendez-vous ensuite à la Baignoire, un petite salle accueillant toute l’année la lecture de nouvelles écritures. C’est là que Tamara Saade livre, avec Ada Harb et Raymond, plusieurs extraits de son livre qu’elle a d’abord conçu comme un roman. Un récit à trois personnages, une femme, un homme, le Liban. La comédienne libanaise, dont c’est la première œuvre littéraire, a ressenti l’appel du théâtre et s'est décidée à déconstruire son roman au profit de la dramaturgie. À ce moment de son travail, l'autrice en fait la lecture, relayée par les deux comédiens qui s'emparent des premiers dialogues, puis reprend la lecture. Entre narration et dialogues, le public assiste à la découverte d’une nouvelle écriture, tout en ressentant le chemin à accomplir entre un texte littéraire et un texte dramatique. Rien ne transparaît de la scénographie, les trois comédiens sont à leurs pupitres, l’écoute oscille entre création littéraire et incarnation.

Dans l’aventure Warmupp, des spectacles aboutis n’attendent pas dans le noir d’une salle. Le public non plus. Pendant deux jours, il s'active pour aller d’un théâtre à un autre, d’une création en devenir à une autre. En peu de temps, on goûte à tout, on se découvre gourmand. Prochain rendez-vous au Printemps des Comédiens.

 

Warmup, 7ème édition. Les 23 et 24 septembre. Étapes de création de : Une ombre, Alex Selmane et Dag Jeanneret ; Ismène, Marion Coutarel ; La salle d'attente, Sarah Grandjean et Yragaël Gervais, Cie La station magnétique ; Macbeth, David Gauchard, Cie L'unijambiste ; Turayya, Tamara Saade ; La séance, Theodore Oliver, MégaSuperTheâtre ; Hiérarchie, Mélanie Helfer ; La nuit pour voir, Quentin Vigier.

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