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Mot de passe oublié ?À quelques rues du beau Villino Florio, chalet fleuron du style liberté de l’Italie du tout début du XXe siècle, l’usine de la famille franco-sicilienne Ducrot fabriquait du mobilier. En cette époque florissante de Palerme et son port, certains de ces meubles furent conçus pour les navires de croisière, d’autres pour la haute bourgeoisie de Palerme, devenant par exemple le mobilier des salles modernes de la villa Florio ou encore du Palazzo Montecitorio. Les bâtiments modernistes de l’usine et de la villa sont l’œuvre d’un seul architecte, Ernesto Basile, avec qui Vittorio Ducrot collaborait étroitement et à qui Palerme doit entre autres son théâtre Massimo.
Mais la première guerre mondiale mit fin aux chantiers navals, puis les bombardements de la seconde détruisirent la majeure partie des lieux de l’usine. Réduite à l’état d’immense friche industrielle pendant plus de cinquante ans, ce n’est qu’en 1995 que le maire nouvellement élu, Leoluco Orlando, décida de rénover les anciens chantiers avec le projet d’y créer une cité de la culture.
Aujourd’hui, au fond de la tranquille Via Paolo Gili, sitôt passé le panneau indiquant ZAC (pour Zisa Arte Contemporanee), l’usine révèle ce passé. À l’entrée, dans le bâtiment qui abritait l’administration, l’Institut français et le Goethe Institut se partagent les espaces. La longue et large allée, par laquelle on imagine qu’allaient et venaient les ouvriers, mène à plusieurs bâtiments. Les pavillons de droite sont mis à la disposition des élèves artistes. L’un d’eux abrite l’institut Gramsci et sa bibliothèque, un autre le siège de Palermo National Film School, école historique de cinéma expérimental. S’y trouvent depuis 2004, dans les salles Galerie Blanche, Grand Bain, Cobalt chambre bleue et dans l'espace Ducrot, les écoles des Beaux-Arts, de photographie, de sculpture, de design. À l’extrémité du long mur à gauche se découvre l’entrée d’un immense hangar. Son volume inspire l’organisation des expositions.
Avec la nouvelle génération, l’ancienne friche a repris vie. La réparation et l’aménagement des pavillons s’est faite petit à petit, grâce à l’argent public. Depuis 2012, le cinéma Le Seta (Vittorio de Seta) s’y est installé pour ses projections. Le Centre International de la Photographie est lui né en 2017 grâce à la volonté de la photographe palermitaine Letizia Battaglia qui y a contribué avec ses fonds propres. Désormais les photographes internationaux les plus reconnus s’exposent aux côtés de photographes palermitains, siciliens ou italiens. L’entrée aux expositions est gratuite.
Les Palermitains ne se sont pas encore accoutumés à emprunter la Via Paolo Gili et ses manifestations. Il faudra sans doute encore quelques temps pour que le lieu devienne incontournable de la créativité de la ville, élue en 2018 capitale européenne de la culture.