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Circulation(s) 2019, nouvelles images d’Europe

par Véronique Giraud
Sous la halle Aubervilliers du CentQuatre Paris, le festival Circulation(s) débute avec les photographes réunis sous le titre
Sous la halle Aubervilliers du CentQuatre Paris, le festival Circulation(s) débute avec les photographes réunis sous le titre "Le destin posthume des images". Au centre les images d'Hélène Bellanger. ©Giraud/NAJA
Avec sa série « Home sweet home », initiée par le Brexit, Ed Alcock engage une profonde réflexion sur sa mutation identitaire et celle de son pays d’origine, le Royaume-Uni. © Giraud/NAJA
Avec sa série « Home sweet home », initiée par le Brexit, Ed Alcock engage une profonde réflexion sur sa mutation identitaire et celle de son pays d’origine, le Royaume-Uni. © Giraud/NAJA
Depuis 2016, Nelson Miranda développe son projet photographique sur les ruines de la Fondation « Foyer de l’Émigré Portugais dans le monde », une ville-satellite créée dans les années 1980 dans une forêt au nord du Portugal pour accueillir les migrants. L'initiative fut un échec, notamment par manque de financement. Abandonné, le complexe est aujourd’hui vandalisé, occupé par des groupes d’extrême-droite. © Giraud/NAJA
Depuis 2016, Nelson Miranda développe son projet photographique sur les ruines de la Fondation « Foyer de l’Émigré Portugais dans le monde », une ville-satellite créée dans les années 1980 dans une forêt au nord du Portugal pour accueillir les migrants. L'initiative fut un échec, notamment par manque de financement. Abandonné, le complexe est aujourd’hui vandalisé, occupé par des groupes d’extrême-droite. © Giraud/NAJA
Avec
Avec "Palimpseste", Philippe Braquenier témoigne des infrastructures contemporaines de dépôts d’informations et fait référence aux héritages du savoir humain. Ce travail présente une nouvelle ère, le tout numérique, le monde de la data, le pays des Snowden et Assange. © Giraud/NAJA
« Ethnographies » est un projet photographique de Felicia Simion, qui vise à créer des archives visuelles de coutumes et de manifestations folkloriques de la Roumanie rurale contemporaine, dans un contexte de dépeuplement et de migration. © Giraud/NAJA
« Ethnographies » est un projet photographique de Felicia Simion, qui vise à créer des archives visuelles de coutumes et de manifestations folkloriques de la Roumanie rurale contemporaine, dans un contexte de dépeuplement et de migration. © Giraud/NAJA
Birgit Püve explore les faciès des habitants de son pays, tentant de lier l’essence de l’Estonie aux visages de ses citoyens. © Giraud/NAJA
Birgit Püve explore les faciès des habitants de son pays, tentant de lier l’essence de l’Estonie aux visages de ses citoyens. © Giraud/NAJA
A partir de photos en noir et blanc prises lors de voyages sur des sites archéologiques en Turquie, Douglas Mandry reconstruit les images des lieux qu’il a visités. Il colore et colle ses clichés en se basant sur ses souvenirs et en interprétant des textes d’archéologues. © Giraud/NAJA
A partir de photos en noir et blanc prises lors de voyages sur des sites archéologiques en Turquie, Douglas Mandry reconstruit les images des lieux qu’il a visités. Il colore et colle ses clichés en se basant sur ses souvenirs et en interprétant des textes d’archéologues. © Giraud/NAJA
Le photographe italien Umberto Coa a réuni les documents iconographiques conservés par MB, un anarchiste d’origine italienne rencontré par hasard. Composant une géographie des batailles d'un anonyme à la fin du XXe siècle dans toute l'Europe. ©Giraud/NAJA
Le photographe italien Umberto Coa a réuni les documents iconographiques conservés par MB, un anarchiste d’origine italienne rencontré par hasard. Composant une géographie des batailles d'un anonyme à la fin du XXe siècle dans toute l'Europe. ©Giraud/NAJA
Arts visuels Photographie Publié le 05/05/2019
Depuis sa création en 2005, le festival fait circuler la jeune photographie européenne et on ne peut que s’en réjouir. Installée au CentQuatre du 20 avril au 30 juin, la manifestation fait se succéder les regards de 37 jeunes photographes sur le monde qui les entoure, et sur ce que leur médium autorise. Une première pour le collectif The Red Eye, en charge de l'édition 2019.

Les éditions du festival Circulation(s) se suivent sans jamais se ressembler. Les sensations générées par les jeunes photographes d’Europe ont peu de choses à voir avec celles ressenties dans une galerie. Dans les bâtiments bordant la halle Aubervilliers du CentQuatre, leurs productions sont d’ailleurs réparties en ateliers. Une dénomination bien choisie. Car c'est un long travail d’investigation, de documentation, de réflexion, sur l’humain, les sociétés, les paysages, les identités, qui transperce les images des trente-sept jeunes photographes sélectionnés. Plusieurs années parfois ont préludé pour qu’ils déterminent ce qui pourrait être fixé sur le papier, agrandi, disposé en série. Et les cartels qui introduisent chaque travail disent en quelques mots la démarche du jeune photographe, ses intentions.

Devant certaines images, l'idée d'Europe résonne avec force. On est frappé quand une ou deux images résument à elles seules un pays, la Roumanie. La puissance intacte de son folklore tient en deux magnifiques photos de foulards colorés immédiatement reconnaissables, ou dans une série de jeunes gens costumés pour une fête, dont les coiffes et les parures évoquent une vitalité archaïque. De son œil d’ethnographe, Felicia Simion, l'une des trois artistes du Focus Roumanie, a capté la résistance de cet archaïsme, qu’illustrent aussi puissamment les visages de femmes réunies par le deuil.

 

Malaises identitaires. Les recherches d'un état des lieux d'une nation, ce qui unit aujourd'hui un peuple identifié par la ligne d’une frontière, sont souvent saisissantes. Ed Alcok réagit au Brexit, qui l’a conduit à prendre la nationalité française, par des photos exprimant la mutation du Royaume-Uni. Des détails font poindre un humour typiquement britannique, l’ensemble est rehaussé par une scénographie très construite, où tout compte, et raconte. Birgit Püve a elle construit un portrait d'identité de son Estonie natale en la faisant exploser par une incroyable série de visages. La Roumanie d’Ioana Cilig est racontée par les paysages abandonnés d’une industrie prospère sous le communisme, à l'abandon aujourd'hui, et sa classe ouvrière à la dérive. C'est l’inégalité sociale de son pays que l’écossaise Margaret Mitchell décrit en quelques photos de la famille de sa sœur, où nul espoir ne perce, où les regards se perdent. Seule une petite fille en culotte, juchée sur une chaise dans la cuisine, fait face à l’objectif…

L'allemand Emile Duke nous conduit en Sibérie, à l’intérieur d’un des trains de la santé par lesquels équipe médicale et pope sillonnent, après l’effondrement de l’URSS, une contrée glacée et désolée. Nelson Miranda nous fait découvrir les ruines de la Fondation « Foyer de l’Émigré Portugais dans le monde », une ville-satellite projetée dans les années 1980 dans une région forestière au nord du Portugal. Partiellement construite par un migrant vénézuélien dans le but d’accueillir les migrants, elle n’a pu être achevée faute de financement. Vandalisé, le site est aujourd’hui occupé par des groupes d’extrême-droite.

 

Si les aspects sociaux sont fortement documentés, ils ne sont pas exclusifs. En témoigne le travail d’Hélène Bellenger, présenté sous la halle avec six autres photographes réunis sous le thème « Le destin posthume des images ». Distinguée par le prix Dior, la Fondation Luma d’Arles avait exposé l'an dernier son travail qui porte sur les portraits féminins des années 20-50. Pour pallier une technologie du contraste, les visages de la télévision et du cinéma étaient outrageusement maquillés afin d’en « sublimer » les traits sur les écrans noir et blanc de l'époque. Intriguée par cette construction très populaire de l'image, l’artiste a repris les photos en colorant les parties des visages tels qu’ils devaient être maquillés selon les canons esthétiques de l'époque.

D’autres travaux plastiques parcourent l'édition, tels les paysages colorés du suisse Douglas Mandry, ou les micro-états conquis géométriquement par l’espagnol Ruben Martin de Lucas. Avec sa série Palimpsest, Philippe Braquenier a donné une visibilité au data, l’inscrivant dans la longue lignée des allées d’archives. D'autres travaux, plus poétiques ou conceptuels, expriment des processus souvent complexes liés à la mémoire, à l'idée de métamorphose.

 

La direction artistique du festival  est pour la première fois confiée au collectif The Red Eye (Audrey Hoareau et François Cheval), après le départ de Marion Hislen, fondatrice de l’association Fêtart qui l’organise. L'événement n’a rien perdu de son esprit sécessionniste, et cultive la circulation des images et des idées des photographes invités. Pour la deuxième année, le festival est l’invité de l’Hôtel Fontfreyde, centre photographique de Clermont-Ferrand, où cinq artistes de l’édition 2019 sont exposés jusqu’au 20 juin. Puis, dans le cadre de la saison France-Roumanie, le festival s’envolera à Bucarest, accueilli à la SCENA9, du 19 juin au 14 juillet 2019.

 

Ed Alcock, Hélène Bellenger, Philippe Braquenier, François Burgun, Anna Cherednikova, Umberto Coa, Marilisa Cosello, Ulla Deventer, Emile Ducke, Mathieu Farcy, Maksim Finogeev, Camille Gharbi, Morvarid K, Jaakko Kahilaniemi, Luka Khavelashvili, Marine Lanier, Caterina Lorenzetti, Rubén Martín de Lucas, Margaret Mitchell, Anastasia Mityukova, Sina Niemeyer, Dina Oganova, Prune Phi, Birgit Püve, Chloé Rosser, Jordi Ruiz Cirera, Łukasz Rusznica, Kateryna Snizhko, Yorgos Yatromanolakis

 

 

 

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