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Montpellier Danse double sa programmation

par Véronique Giraud
L'affiche de Montpellier Danse. DR
L'affiche de Montpellier Danse. DR
Arts vivants Danse Publié le 10/05/2021
Comme tous les festivals, Montpellier Danse a dû faire le deuil de son programme originel. Il réussit à entremêler cette édition des spectacles de 2020 et privilégie le plein air.

L’affiche du festival international Montpellier Danse résume bien cette édition 2021. Ce collage, composant une étrange créature à la fois homme et femme, reflète la difficulté de concevoir la programmation. « Dans cette image empruntée au spectacle de Papaioannou, le sens de tout cela se dévoile : ce festival met la danse au centre et l’affirme, mais c’est aussi une chimère dont les morceaux s’agrègent harmonieusement entre eux (on l’espère) pour former un nouveau tout, étrange et beau à la fois, surprenant et, surtout, vivant ! » s’enthousiasme malgré tout Jean-Paul Montanari, le directeur de la manifestation. Vivant donc et hybride, le festival bascule entre 2020 et 2021, avec 40% de spectacles reportés et ceux programmés pour le printemps. Ce n’est pas non plus au printemps que le festival aura lieu comme à son habitude, ce sera au début de l’été, du 23 juin au 16 juillet. Une édition augmentée donc, avec la Batscheva Dance Company d’Ohad Naharin (la tournée européenne de la compagnie a malheureusement été annulée), du troisième chapitre de la trilogie de Sharon Eyal & Gay Behar, et de Frérocité de Fabrice Ramalingom.

Des retrouvailles mais aussi des découvertes comme celle de Jann Gallois qui est sortie de sa résidence à Montpellier avec sa pièce Ineffable. Musicienne et danseuse, artiste associée de Chaillot Théâtre de la danse depuis 2017, la chorégraphe fait son entrée au festival à l’Agora, sur la scène du studio Bagouet, qui porte le nom du chorégraphe et fondateur du festival.

 

Documentaire et vidéo. Dimitris Papaioannou revient à l’opéra Berlioz avec sa création Transverse Orientation. Sa formation à la peinture nourrit le regard que le chorégraphe grec porte sur la vie. Transverse orientation, qui désigne en anglais le comportement de certains insectes face à une source lumineuse, traduit son attirance pour les papillons de nuits, guidés par la clarté de la lune, non par la lumière comme le font les hommes. Avec en figure de proue le minotaure, le chorégraphe interroge la façon dont « la nouvelle génération tue l’ancienne génération, comment l’homme moderne tue celui qui est lié à ses instincts sauvages ».

Avec le chorégraphe et danseur Arcadi Zaydes, la danse se mêlera à l’art vidéo pour questionner une fois encore le rôle du corps dans la production de la violence structurelle, dans son maintien, sa légitimation, son esthétique et sa représentation. Son projet Necropolis résulte du temps long de la recherche, « se situant entre approche documentaire et enquêtes chorégraphiques et physique, au travers des gestes et des techniques de la médecine légale et de l’investigation criminelle. Un nombre croissant de chercheurs se penchent sur différents cas de décès de migrants figurant sur la liste et localisent leurs sépultures ». Sur scène, ce sont les résultats d’enquêtes qui plongeront le spectateur dans une morbidité, une danse des morts que les avatars du vidéaste Jean Hubert accompagneront dans l’espace virtuel. Au Studio Bagouet, les 23, 24 et 25 juin.

 

L’engagement de Daina Ashbee. De vidéo il sera également question avec le plasticien et designer Karam Natour, qui l’utilise pour sa pratique artistique. Au travers de ces éléments, l’artiste reflète la fragmentation de l’identité, la manière dont elle est construite par la culture, le genre, la nationalité et la famille. En faisant toujours appel à l’humour, comme une élégance du cœur.

Pour sa première en France, Daina Ashbee sera en deux endroits pour Montpellier Danse. Elle présentera trois de ses pièces, trois solos, au studio Cunningham de l’Agora et au Hangar Théâtre. À seulement 31 ans, la chorégraphe compte déjà parmi les figures importantes du paysage chorégraphique à Montréal. Pour ses pièces minimales et radicales, situées à la frontière de la danse et de la performance, et pour son engagement politique dans des sujets comme la sexualité et les changements climatiques, qu’elle traduit par l’expression du corps féminin. Dans cette période où l’on a surmonté la fragilité des corps, la force de ceux des danseurs sera sans doute perçue comme une résistance, à la fois admirable et nécessaire.

 

Nouvelles créations. « Je choisis des artistes plutôt que des œuvres puisque la plupart des spectacles n’existent pas, il s’agit de créations » rappelle Jean-Paul Montanari, qui dirige le festival depuis 40 ans maintenant. Parmi les nouvelles créations, que le festival réserve à ses spectateurs, celles d’Ohad Naharin, de Dimitris Papaioannou et de Jann Gallois, ainsi que celles de directrices et directeurs de six Centres chorégraphiques nationaux, Thomas Lebrun (Tours), Maud Le Pladec (Orléans), Rachid Ouramdane (Grenoble), Kader Attou (La Rochelle), Angelin Preljocaj (Aix-en-Provence) et Christian Rizzo, qui officie à Montpellier. Le nîmois Rachid Ouramdane, nommé cette année directeur de Chaillot- Théâtre de la danse, vient à Montpellier avec Corps extrêmes, une pièce qui interroge le geste à travers diverses personnalités du monde de l’aérien.

Cette 41ème édition s’achèvera sur D’un rêve, la dernière création du danseur et chorégraphe burkinabé Salia Sanou. « D’une création à l’autre, j’ai creusé la question de frontières, d’exil, d’horizons à venir et du désir de penser ensemble l’Autre avec sa solitude, ses douleurs et son potentiel d’énergie. Pour D’un rêve d’emblée c’est la musique qui s’est imposée comme perception première : dès lors la dimension verbale sera soutenue par la chanson. » L’écriture des textes a été confiée à Gaël Faye et Capitaine Alexandre, la création musicale, inspirée des comédies musicales de différentes époques, à Lokua Ganza. Une clôture comme une promesse de lumière, d’ouvertures à l’autre et au renouvellement des formes de la danse.

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