espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Événement > Avignon 2025 : langue arabe, danse et grands noms

Avignon 2025 : langue arabe, danse et grands noms

par Jacques Moulins
Une programmation riche pour la 79e édition du festival d'Avignon présentée par Tiago Rodrigues à l'Institut du monde arabe le 3 avril 2025. © Rivaud-Naja
Une programmation riche pour la 79e édition du festival d'Avignon présentée par Tiago Rodrigues à l'Institut du monde arabe le 3 avril 2025. © Rivaud-Naja
Arts vivants Publié le 03/04/2025
La présentation du 79e festival d’Avignon, qui se tient du 5 au 26 juillet, a été faite à Avignon et à Paris à l’Institut du monde arabe, partenaire d’une édition faisant place à la langue arabe. Beaucoup de danse, le retour des grands noms du théâtre et de la chorégraphie, et des découvertes caractérisent une édition riche de 42 spectacles et 300 représentations. Ouverture de la billetterie le 5 avril.

N’en déplaise aux militants du texte, c’est une chorégraphe qui assurera l’ouverture du 79e festival d’Avignon, le samedi 5 juillet, au Palais des papes. La Cap-Verdienne Marlene Monteiro Freitas, dont les pièces sont nombreuses, extravagantes et toujours d’une énergie folle, signera Nôt (Nuit en cap-verdien), une création inspirée des Mille et une nuits. Pour relever ces défis, ouvrir le festival international et affronter l’immense plateau de la Cour d’honneur, la chorégraphe table sur la nuit, « ce cadre en suspens » comme elle dit, et sur la multiforme, ô combien vitale, des contes de Shéhérazade. Monteiro Freitas, qui vit à Lisbonne, est cette année l’artiste complice choisie par Tiago Rodrigues, le directeur du festival, qui a présenté le programme à Avignon, mais également à Paris, au sein de l’Institut du monde arabe (IMA). L’institut se fait également complice du festival 2025 où la langue arabe, après l’anglais en 2023 et l’espagnol en 2024, est la « langue invitée ».

 

La danse à l’honneur. Cette édition, qui aligne les records, 42 spectacles dont la moitié en première mondiale, 300 représentations, une parité entre créateurs et créatrices, fait grande place à la danse, même si les frontières entre disciplines artistiques ne sont pas aussi catégoriques. Israel Galvan, qui avait tenu la Cour d’honneur en haleine en 2017 avec Fiesta, revient en duo. Celles et ceux qui apprécient son langage renouvelé du flamenco avaient adoré à Montpellier Danse le fabuleux Torabaka pièce co-écrite avec Akram Kahn où le flamenco andalou dialoguait avec le kathak indien. Il s'annonce cette fois avec Mohamed El Khatib, labellisé « trublion du théâtre documentaire » par Tiago Rodrigues, sur le plateau du cloître des Carmes pour une pièce simplement intitulée Israel et Mohamed, interprétée et signée par les deux artistes.

Autre duo de créateurs, Anne Teresa de Keersmaeker sera de retour en Avignon où elle avait présenté à la Fabrika Exit Above en 2023, avec le jeune breakdancer Solal Mariotte. Ils évolueront dans la Carrière de Boulbon pour un spectacle inspiré du chanteur Jacques Brel. La Danoise Mette Ingvartsen nous invitera à une Delirious Night dans la cour du lycée Saint-Joseph, une nuit de fête tenant du bal masqué et du carnaval où les valeurs s’inversent comme au Moyen-Âge, l’Australienne Amrita Hepi à un solo et Némo Fleuret à un Derniers feux d’artifice avec la Comédie de Genève.

 

Une forte place aux chorégraphes arabes. Avant la sonnerie des trompettes du Palais, à 19h sur le parvis, la Marocaine Bouchra Ouizgen donnera They always come back avec 50 amateurs issus du territoire avignonnais. Les Tunisiens Selma et Sofiane Ouissi présenteront à la Fabrika leur performance Laaroussa Quartet, du nom d’une poupée d’argile confectionnée par des femmes potières à Sejnane. Radouan Mriziga, qui inscrit sa performance dans le désert du Sahara et jusqu’aux steppes d’Asie centrale avec Magic / the Desert, sera au cloître des Célestins. Le Belgo-Tunisien Mohamed Toukabri sera aux Hivernales, et le duo Jonas et Lander au Bar du festival pour Coin Operated. Signalons également la présence de Mathilde Monnier dans un projet d’immersion monté à la Villa créative, le nouveau lieu de l’université d’Avignon.

 

Les grands retours. Juillet 2025 signera également le retour de grands noms du théâtre européen. L’Allemand Thomas Ostermeier avait quitté le festival il y a dix ans sur son magistral Richard III de Shakespeare avec Lars Erlinger, après, en 2012, Un ennemi du peuple. Il occupera à nouveau l’Opéra du Grand-Avignon, à nouveau avec Ibsen, pour Le Canard sauvage, qui nous plonge au cœur des secrets de la famille Ekdal qu’un importun va faire voler en éclat. Une pièce donnée avec les artistes de la Schaubühne de Berlin qu’Ostermeier dirige. Le metteur en scène allemand avait été artiste associé du festival, tout comme Frédéric Fisbach qui mettra en scène, avec le Rwandais Dida Nibagwire, le roman de Gaël Faye Petit pays (Gahugu Gato), évocation du génocide des Tutsis. Autre grand retour, celui du Suisse Christoph Marthaler qui a déjà occupé la Cour d’honneur et présente à la Fabrica Le Sommet, qui n’est pas sans rappeler celui de Davos, mais vu des coulisses.

Tiago Rodrigues sera également présent en tant que metteur en scène de sa dernière création, La Distance. Donnée à l’Autre-Scène de Vedène pour dix-sept représentations, écrite par l’artiste portugais, la pièce dystopique se situe entre la terre d’où parle le père et Mars où une partie de la population, dont sa fille, s’est réfugiée après une catastrophe climatique. Un tête-à-tête cosmique entre deux générations. Milo Rau assurera le traditionnel spectacle itinérant avec La Lettre qui se veut « un manifeste sur ce que peut être le théâtre populaire aujourd’hui » et Gwenaël Morin poursuivra sa quête commencée l’an dernier avec Quichotte autour des Perses d’Eschyle. Enfin, le théâtre reprendra place à la Cour d’honneur avec la Comédie-Française pour la reprise du Soulier de satin de Paul Claudel dans la mise en scène d’Éric Ruf, créée en décembre dernier. La tragédie est peu représentée en raison de sa longueur (8 heures pour cette mise en scène) et du nombre de ses personnages qu’interprèteront la vingtaine d’actrices et d’acteurs de la Comédie-Française.

 

Surprises et découvertes. Les découvertes ou redécouvertes ne manqueront pas pour autant. En partenariat avec l’IMA autour de la langue arabe, sont programmés des lectures, des conférences, une soirée hommage à Oum Kalthoum donnée le 14 juillet dans la Cour d’honneur et le lendemain une soirée poésie, Nour, au lycée Saint-Joseph. Lectures encore avec la SACD au Musée Calvet avec notamment une Carte blanche donnée à Leïla Slimani. Le cinéma Utopia projettera une rétrospective de films arabes.

Le Libanais Ali Chahrour, qui fera l’ouverture le 5 juillet de la Fabrica, sera de retour au festival pour When I Saw the Sea, une pièce où trois femmes se battent contre le système Kafala au Liban, une forme moderne d’esclavagisme. Jeanne Candel explorera l’espace avec Fusées, Clara Hédouin poursuivra son cheminement avec Giono pour Prélude de Pan. Mettant en scène le travail journalistique, Caroline Gilet, Kubra Khademi et Sumaia Sediqi proposeront Inside Kabul, Aurélie Charon Radio Live, et à la Chartreuse Émilie Rousset, directrice du CDN d’Orléans créera Affaires familiales à partir d’affaires judiciaires européennes. Un hommage est rendu à François Tanguy, disparu en 2022, et son Théâtre du Radeau, à travers deux pièces Item et Par autan. Joris Lacoste donnera Nexus de l’Adoration, une « fausse comédie musicale, cérémonie d’une religion fictive ». Samuel Achache revient au festival avec Les Incrédules, « un spectacle où la tragédie se mélange à l’improbable » et le Palestinien Bashar Murkus pour Yes Daddy.

Parmi les « découvertes de cette année », citons Mami de Mario Banushi, un jeune Albanais de 26 ans, et Tamara Al Saadi qui mettra face à face dans Taire, Antigone et une adolescente placée par l’Aide sociale. Et parmi les surprises, un hommage à Gisèle Pélicot le 18 juillet, lors d’une « soirée pour constituer la version scénique du procès » que mettra en scène Milo Rau, avec les avocats du procès et plusieurs artistes.

Le festival, qui fait aussi grand place à la musique, accueillera à la Cour d’honneur la chanteuse cap-verdienne Mayra Andrade et s’achèvera le 26 juillet à la Fabrica sur un concert du DJ portugais Branko. Il ne reste qu’à réserver vos places, la billetterie ouvrant le samedi 5 avril à 11 heures.

Partager sur
Fermer